Le "troisième paquet" ferroviaire sur les rails

Comment comptez-vous débloquer les discussions ministérielles sur le "troisième paquet" ferroviaire ?- Ce "troisième paquet" n'est pas en panne. Il est devant le Parlement européen. Il est vrai que jusqu'ici le Conseil des ministres n'a accepté que la première mesure proposée, créant une licence européenne pour les conducteurs de locomotives. Restent en discussion un règlement instaurant des normes de qualité ferroviaire du fret par rail, une proposition spécifique de libéralisation du transport ferroviaire international des passagers à l'horizon 2010 et, enfin, un projet visant à garantir à ces usagers du rail des droits similaires à ceux qui leur sont offerts dans l'aérien.La négociation achoppe précisément sur cette ouverture du rail "passagers" à la concurrence. Accepteriez-vous de retirer cette proposition ?- J'y suis opposé. Tout d'abord, parce que la méthode des "paquets" a porté ses fruits par le passé. Ensuite et surtout, parce qu'elle permet d'associer la "libéralisation", qui suscite une certaine appréhension, et l'amélioration des droits des passagers du ferroviaire. Cet équilibre montre que la libéralisation ne débouchera pas sur une dégradation du service, comme certains le prétendent, mais conduira, au contraire, à une amélioration du service des passagers.Espérez-vous un accord avant l'été ?- Si nous obtenons, comme je veux le croire, le soutien des députés européens, cela nous donnera un argument plus fort pour revenir vers le Conseil. A mon avis, cependant, nous n'aurons pas à évoquer ce "paquet ferroviaire" sous présidence luxembourgeoise, d'ici à la fin juinLibéralisation complète du fret, le 1er avril 2006 pour la France, le 1er janvier 2007 pour les autres pays. N'est-ce pas paradoxal alors que nos partenaires dénoncent la lenteur de l'ouverture du marché français ?- Je ne suis pas convaincu que la France soit seule à se montrer aussi lente à bouger. La lenteur de la démarche française s'explique par les craintes que ces évolutions provoquent, en particulier parmi les salariés de la SNCF. Il faut arriver à lever ces craintes en montrant que, quand la SNCF est performante, comme elle l'est dans les trains à grande vitesse, elle n'a pas de préoccupation majeure à avoir. C'est vrai qu'il lui faudra acquérir une meilleure productivité et retrouver la viabilité. Cette ouverture suscite, c'est vrai, des appréhensions, mais sa perception est en train d'évoluer maintenant avec le plan Fret SNCF qui va rendre cette activité beaucoup plus performante.La gestion des matériels ferroviaires en Europe est souvent montrée du doigt...- Là aussi, la Commission et les associations de chemins de fer ne sont pas restées l'arme au pied. Les compagnies vont pouvoir bénéficier de l'interopérabilité accrue que va leur offrir, par ses éléments de contrôle-commande (ETCS) et de télécommunications (GSM-R), le système européen de gestion du trafic ferroviaire (ERTMS) qui sera progressivement déployé sur les lignes à grande vitesse et sur les lignes conventionnelles d'ici à 2015. C'est un grand projet industriel, mené par l'Union européenne, qui devrait générer 4 milliards d'euros d'investissements rien que sur les grands axes du réseau transeuropéen (RTE) dans les dix années à venir.Grands projetsEn 2003, neuf ans après le lancement en grandes pompes de quatorze grands projets prioritaires, dont trois seulement avaient pourtant pu être menés à bien, l'Union européenne relança cette initiative en y ajoutant dix-sept nouveaux projets. Pour épauler ses efforts, Jacques Barrot va désigner des "coordinateurs" qui l'aideront à surmonter les mille et un obstacles administratifs, financiers, politiques et techniques auxquels se heurtent ces chantiers. Il commencera par six d'entre eux : le Berlin-Palerme via le Brenner, le Lyon-Turin-Trieste-Budapest, le TGV Est, le "Rail Baltica" (Varsovie-Riga-Tallinn) et le Bordeaux-Madrid-Lisbonne, auxquels s'ajoutera le système européen de gestion du trafic ferroviaire (ERTMS). Certains noms circulent, comme ceux des anciens commissaires Etienne Davignon et Karel Van Miert et celui de l'ex-patron des chemins de fer belges, Karel Vinck. Interrogé, Jacques Barrot se borne à indiquer que "les consultations sont toujours en cours mais qu'il espère pouvoir donner les noms des six coordinateurs début avril".
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