Le Vatican dans le rouge

Dans la cité papale, c'est l'Administration du patrimoine du siège apostolique (Apsa), qui joue le double rôle d'un ministère des Finances et d'une Banque centrale. Elle est dirigée par un collège de cardinaux, présidé par le cardinal Attilio Nicora. Une première section, dite "ordinaire", est chargée de la gestion du patrimoine de la curie romaine, soit le gouvernement de l'Eglise catholique. La section dite "extraordinaire" se consacre à la gestion des biens mobiliers de la curie (devises, titres boursiers, obligations) et est conseillée par d'anciens dirigeants de Sotheby's (lord Thomas Camoys) ou Merrill Lynch (William A. Schreyer). Le patrimoine financier et immobilier du Saint-Siège est estimé à environ 1 milliard d'euros.La banque privée du vaticanMais le trésor le plus connu est celui de l'Institut des oeuvres de religion (IOR), soit la banque privée du Vatican. L'IOR gère les comptes des ordres et congrégations catholiques, des cardinaux, du pape. La banque a dû être réorganisée à la fin des années 80 après avoir défrayé la chronique judiciaire et financière. Le directeur de l'IOR est en effet à l'époque le prélat américain Paul Casimir Marcinkus. Il s'entoure d'un banquier ambitieux, Michele Sindona, qui l'entraînera à faire prendre à l'IOR 20 % du capital de la Banca Unione, la banque de Sindona. Banca Unione fera faillite et coûtera ainsi près de 50 millions d'euros au Vatican. Marcinkus continuera les engagements financiers hasardeux suggérés par le président du Banco Ambrosiano, Roberto Calvi, le fameux "banquier de Dieu" que l'on retrouvera en plein pontificat de Jean-Paul II (juin 1982) pendu sous un pont de Londres. Aujourd'hui, une préfecture des affaires économiques du Saint-Siège, présidée par le cardinal Sergio Sebastiani, est chargée de contrôler les bilans du Vatican, et notamment celui de l'IOR, une banque à but non lucratif. Enfin, la fondation Centesimus Annus Pro Pontefice, instituée en 1993, gère un fonds d'investissement dont les bénéfices sont directement versés au pape.Face à une situation de déficit permanent, Jean-Paul II chargea en 1990 le cardinal américain d'origine polonaise Edmund Szoka de redresser les comptes du Vatican. "Le Saint-Siège a été en déficit de 1970 à 1992", révélait le cardinal Szoka dans une rare interview en 2002. Le Vatican a d'ailleurs clos cette même année 2002 avec un déficit de 13 millions d'euros pour 217 millions d'euros de recettes principalement dégagées par les gains de l'Apsa et le versement par les diocèses et ordres religieux catholiques de par le monde d'une partie de leurs biens (85 millions d'euros en 2002). Côté dépenses, les salaires et retraites des employés de la curie, ainsi que l'entretien du patrimoine immobilier (dont les ambassades en nombre croissant sous le pontificat de Jean-Paul II) ont absorbé 230 millions d'euros. De plus, le compte du pape à l'IOR perçoit le produit de la quête effectuée le 29 juin dans tous les diocèses (l'"obole de saint Pierre), soit 52 millions de dollars en 2002.Les comptes sont pourtant très séparés entre le Vatican et les Eglises nationales. "Ce n'est pas la pratique du Saint-Siège d'aider financièrement les diocèses, explique le cardinal Szoka, rappelant que dans le passé, quand des diocèses ont eu des difficultés financières, d'autres diocèses les ont aidés avec des prêts à taux zéro". Une précision utile au vu de l'avalanche de recours contre des diocèses américains, en liaison avec les cas d'abus sexuels de la part de religieux. D'ailleurs, si en Europe l'Eglise catholique allemande a longtemps été le plus grand contributeur aux finances du Saint-Siège, elle subit dans de nombreux diocèses des difficultés, la poussant à licencier du personnel ou à vendre des églises.F.-P. W.
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