Une enquête sous étroite surveillance

Lancée en mars 2004, l'enquête sur la faillite de Khalifa Bank semble suivre un chemin préalablement tracé par le pouvoir algérien. Après la condamnation en mars 2004 par contumace de Rafik Khalifa par un tribunal d'Alger à cinq ans de prison ferme, plusieurs proches collaborateurs du milliardaire algérien déchu ont été mis sous mandat de dépôt par les juges chargés de l'enquête. Puis la justice annonce l'inculpation pour "corruption, trafic d'influence et association de malfaiteurs" de l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdelouahab Keramane (1992-juin 2001). L'inculpation a été suivie par des attaques virulentes de la part de l'ancien ministre des Finances Abdelatif Benachenhou contre la Banque d'Algérie, désignée comme responsable des dérives de Khalifa Bank.D'anciens ministres auditionnésLes enquêteurs ont auditionné des directeurs d'entreprises, de banques, des anciens ministres, des directeurs d'organismes publics comme l'Office de promotion et de gestion de l'immobilier (OPGI) qui ont déposé d'importantes sommes d'argent chez Khalifa Bank. Le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia a déclaré que ceux qui ont déposé de l'argent chez Khalifa Bank vont rendre des comptes. Toutefois, l'enquête sur l'affaire Khalifa a commencé sur fond de règlements de comptes politiques entre les partisans et les adversaires du président Bouteflika. "Abdelouahab Keramane est victime d'un règlement de comptes politique. Il s'est opposé sur la réforme bancaire à l'ancien ministre des Finances Abdelatif Benachenhou. Et il a été présenté au président Bouteflika comme étant proche de Ali Benflis, ancien Premier ministre et rival du président Bouteflika aux présidentielles d'avril 2004", souligne un proche du dossier.Au lieu de la crédibiliser, l'inculpation de l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie a jeté le doute sur cette enquête qui officiellement doit faire la lumière sur l'affaire Khalifa et répondre à plusieurs questions cruciales. Qui a ordonné aux entreprises publiques de déposer des centaines de millions de dollars à la Khalifa Bank ? Qui sont les responsables qui ont bénéficié des cartes de crédit qu'offrait gracieusement le milliardaire algérien ? Pourquoi le gouvernement algérien a-t-il refusé de céder le groupe Khalifa à un groupe d'investisseurs canadiens ? Dans quelles conditions la Société Générale Algérie a-t-elle récupéré les actions rachetées par Khalifa Bank à travers le holding Fiba qui détenait 29 % du capital de SOG Algérie ? Comment sept avions dont deux B777 et trois A340 propriété de Rafik Khalifa ont-ils pu quitter l'Algérie après la mise sous administration judiciaire de Khalifa Airways en mars 2003 ?Mais de toutes les questions soulevées par l'affaire Khalifa, c'est la tenue d'un véritable procès qui préoccupe le plus les milieux d'affaires en Algérie. "Cette affaire suppose des compétences avérées dans le droit bancaire, qui manquent en Algérie. En l'état actuel des choses, la tenue de ce procès risque de porter atteinte à la protection et à la garantie du droit de la défense. Juger l'affaire Khalifa revient à juger tout le système algérien, ce qui est impossible actuellement en Algérie", souligne un avocat. Le président Bouteflika aurait confié qu'il laisserait la justice faire son travail, loin des pressions. Selon nos sources, le procès de l'affaire Khalifa devrait se tenir avant la fin de l'année.H. G.
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