"Il y a une demande des entreprises"

Dans votre programme, vous mettez en contact des jeunes des banlieues et de grandes entreprises qui recrutent. Quels sont les freins à l'embauche de ces jeunes ?- Il y a une demande de la part des entreprises, qu'elles appartiennent à un secteur en pénurie chronique, comme le BTP, les cafés, hôtels, restaurants ou la distribution, ou qu'elles cherchent à diversifier leur recrutement ou à renforcer leur présence dans des zones fragiles. Parmi les 130 entreprises adhérentes, nous comptons par exemple Lafarge, Axa, Casino, le groupe britannique Compass, GTM, SNCF, la RATP. Seulement, notre expérience en Seine-Saint-Denis nous enseigne que, dans ces zones, il n'y a pas de rencontre entre l'offre et la demande d'emplois. Les jeunes diplômés n'ont pas les contacts nécessaires pour aller à la rencontre des entreprises qui recrutent. Et quand ils arrivent à l'entretien d'embauche, ils ne savent pas se vendre, manifester leur motivation et leur capacité à s'intégrer dans une entreprise. Aussi, on constate qu'une simple formation à l'entretien d'embauche les aide de façon significative à trouver un emploi. Et pour les jeunes peu qualifiés ? - Les freins sont plus importants. Les procédures de recrutement, comme les critères de sélection des entreprises, sont extrêmement rigides. Les recruteurs exigent encore des qualifications trop élevées, sanctionnées par des diplômes comme le BEP, quand une bonne aptitude générale, doublée d'un comportement de bonne volonté, suffirait. Mais on observe aussi que les professionnels de l'accompagnement vers l'emploi ne sont pas assez attentifs aux attentes des recruteurs en leur envoyant souvent le premier venu, souvent sans CV, et là encore sans préparation préalable. Les recruteurs ayant peu de temps à consacrer à chaque candidat, le premier bilan de ces actions auprès des jeunes peu qualifiés est encore modeste. Les entreprises portent-elles suffisamment d'attention à ce problème qui concerne l'avenir de leur main-d'oeuvre ?- Si les entreprises doivent à l'évidence y trouver un intérêt, elles ne peuvent plus ignorer les banlieues. D'ailleurs, cela fait plusieurs années qu'elles commencent à s'en soucier, et le mouvement prend de l'ampleur. En Plaine Commune, la chambre de commerce et d'industrie de Paris a créé, avec le soutien des communes, l'École de la deuxième chance. Elle propose aux jeunes de 17 à 28 ans qui ont quitté l'école un enseignement individualisé portant sur les enseignements fondamentaux, le comportement et le fonctionnement de l'entreprise et l'accès à l'emploi avec des stages en entreprise. Lancée en juillet, les premiers résultats sont très prometteurs : avec l'intervention d'entreprises, elle permet enfin à des jeunes sortis du système de se projeter dans l'avenir. Propos recueillis par V. S.
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