Des élections très attendues

Maintes fois promises, maintes fois reportées, les premières élections générales libres auront cette fois-ci bien lieu en République démocratique du Congo (RDC), ex-Zaïre, le 30 juillet prochain. Grand favori, le président de la République, Joseph Kabila, aura pesé de tout son poids pour l'organisation des élections, car il se sait en avance par rapport à ses concurrents. Du côté des vice-présidents belligérants, la perspective des élections est plus compliquée à gérer. Azarias Ruberwa, identifié aux yeux de la plupart des Congolais comme pro-Rwandais, n'a aucune chance, sauf si son parti obtient les circonscriptions qu'il souhaite dans les Kivus. Jean-Pierre Bemba fait l'objet d'un mandat international pour crimes de guerre et risque, s'il perd, de se retrouver au TPI (Tribunal pénal international).Du côté communauté internationale, la mobilisation est sans précédent. L'Union européenne a déboursé par moins de 237 millions d'euros pour son organisation, sans compter les forces armées européennes fraîchement débarquées en RDC, opération dont le coût n'est pas encore connu. Depuis le début de la transition, afin d'amener le pays aux élections, les Nations unies financent sur place la Monuc, mission des Nations unies au Congo. Avec un coût de plus de 5 milliards de dollars depuis sa création en 1999, et des dépenses chiffrées à 1 milliard pour la seule année 2005, la Monuc est la mission des Nations unies la plus importante au monde.On pourrait se demander pourquoi une telle débauche de moyens de la part de la communauté internationale pour un pays si mal en point. En jeu, bien sûr, les ressources immenses du Congo, dans un contexte de flambée des prix des matières premières. De nombreux investisseurs craignent encore le manque de transparence et les "tracasseries". "Un gouvernement légitime permettrait d'assainir le climat des affaires", plaide Henri Yav Mulang, administrateur général de la Fédération des entrepreneurs congolais (FEC). Pour ce représentant du Medef local, "les efforts fournis ces quatre dernières années par le gouvernement en terme de stabilité économique ont créé une dynamique favorable, qu'il s'agirait de poursuivre". Effectivement, l'inflation a été stabilisée, et la RDC a connu une croissance de 3 % en 2003, 6,8 % en 2004, 7 % en 2005. Le FMI et tous les bailleurs de fonds n'attendent qu'une chose : les élections.Car, au-delà de la croissance congolaise, un Congo qui va mieux, c'est toute une région, et même un continent qui respire. Jadis, le Congo était le grenier de l'Afrique. Au niveau régional, la RDC partage des frontières avec neuf pays, et se situe à la jonction entre l'Afrique australe, l'Afrique de l'Ouest, et celle de l'Est. à côté des ressources stratégiques minières, il y a le potentiel hydroélectrique du pays. Alors même que le Congo n'exploite pour le moment que 10 % de son potentiel, il fournit de l'électricité jusqu'en Afrique du Sud. Et des pays aussi éloignés que la Libye se sont montrés particulièrement intéressés. Enfin, avec 60 millions de consommateurs, le Congo est un formidable marché à prendre. Les géants de la téléphonie ne s'y sont pas trompés et investissent déjà. En attendant d'investir plus, une fois un gouvernement légitime en place.B. F.
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