La fin de l'énergie abondante et bon marché...

Les ressources qui ont permis le développement d'une partie du globe s'épuisent et sont menacées d'extinction. Est-ce la fin programmée d'une certaine forme de croissance et de l'espoir de vaincre la misère ?La première question est celle de la fin de l'énergie abondante et bon marché. Les réserves de pétrole et de gaz ne sont pas infinies, ni même celles de charbon. L'épuisement des combustibles fossiles signifie-t-il que notre monde va s'écrouler ? Certes, il nous faudra mobiliser toutes les énergies renouvelables, solaire, éolien, géothermie, biomasse, et faire appel au nucléaire (en particulier la génération IV permettant d'incinérer les déchets et d'allonger considérablement la durée des réserves d'uranium). À terme, peut-être seulement au siècle prochain, la fusion thermonucléaire pourrait être une source d'énergie nouvelle et abondante. Enfin, l'utilisation de l'hydrogène ou du charbon transformé en hydrocarbure permettra peut-être d'économiser du pétrole.Nous ne sommes donc pas confrontés au spectre d'une pénurie d'énergie, mais à une transformation des technologies actuelles. Le problème central n'est pas tant la raréfaction que celui du changement climatique. Dans la période de transition que nous allons connaître, la tentation d'utiliser le charbon, gros émetteur de gaz à effet de serre, sera forte de la part de pays qui en possèdent de vastes réserves et ont des besoins d'énergie croissants, tels la Chine, et même les États-Unis ou l'Allemagne. Si nous ne développons pas des méthodes, pour l'instant encore peu étudiées, de séquestration du CO2, nous allons au-devant d'une catastrophe.En revanche, le problème des ressources en eau s'analyse mieux en termes de rareté. L'agriculture mondiale parviendra-t-elle à nourrir 9 milliards d'habitants ? Un rapport de l'Académie des sciences sur les eaux continentales, disponible très bientôt, examine l'évolution des techniques agricoles et des économies d'eau associées (more crop per drop) qui sont tout à fait significatives. Une optimisation globale par accroissement des exportations de céréales depuis les grands pays producteurs améliorerait le bilan en eau, mais obligerait les pays en voie de développement à importer, alors qu'ils n'en ont pas les moyens financiers, tout en condamnant leurs paysans à la misère. Le rapport conclut cependant que l'agriculture mondiale pourra couvrir les besoins alimentaires, à condition de maîtriser les tensions géopolitiques causées par les besoins en eau.Enfin, dans le monde développé, et même dans les pays émergents, s'est engagée une vaste compétition pour la matière grise. L'avenir appartient aux pays qui sauront s'y placer en formant de bons esprits innovants et en attirant les meilleurs chercheurs. De 1990 à 2004, 102 citoyens américains ont obtenu des prix Nobel (de physique, chimie ou médecine). C'est un chiffre considérable, mais 51 d'entre eux sont naturalisés américains, dont 42 venus aux États-Unis après leur thèse, donc bien formés et à un moment où l'on peut déjà apprécier leur potentiel créatif. L'Europe, malgré les déclarations répétées de ses dirigeants, n'a pas encore pris la mesure de l'enjeu.
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