Les limites de tolérance de la terre semblent dépassées

Grâce aux progrès de la science, l'espèce humaine s'est soustraite aux équilibres naturels qui régulaient ses effectifs par la famine et la maladie, et elle a envahi le monde. Il y avait environ un milliard d'êtres humains sur la Terre au début du XIXème siècle, un milliard et demi au début du XXème, six milliards aujourd'hui en cette orée du XXIème. Et l'on devrait encore compter deux à quatre milliards d'individus supplémentaires avant que l'espèce se stabilise, vers le milieu du siècle, aux alentours de neuf milliards.C'est beaucoup. Les limites de tolérance de la Terre paraissent d'ores et déjà dépassées. D'où des raretés nouvelles dans notre environnement, raretés que nos ancêtres ignoraient totalement, ou ne connaissaient que dans leur voisinage immédiat.Une image de la situation à laquelle nous sommes parvenus est celle du vaisseau spatial où les astronautes doivent tout gérer avec un soin extrême, l'air, l'eau, l'espace, les ressources et les déchets. Ainsi en va-t-il dorénavant pour la Terre, cette petite boule qui nous promène à travers les étoiles. Car les largesses de la Nature ont cessé d'être illimitées ; elles ont maintenant changé de statut et deviennent des ressources rares, à traiter comme telles.L'image du vaisseau spatial attire également l'attention sur l'inégalité de la répartition des richesses à travers le monde. Que dirait-on si l'un des six astronautes d'un vaisseau spatial absorbait à lui seul les deux tiers des ressources disponibles et se rendait responsable de plus de la moitié des pollutions, tandis qu'à l'inverse deux de ses collègues arriveraient tout juste à subsister, et que le dernier serait aux portes de la mort ? On crierait au scandale. Il en est ainsi pourtant sur notre petite Terre, chaque astronaute du vaisseau étant l'image d'un milliard d'individus.Ainsi se présentent les problèmes qu'un développement durable pose à l'humanité. Ces problèmes, la science économique - qui est notamment celle de l'allocation des ressources rares - doit pouvoir contribuer utilement à les résoudre. Car le risque est de se focaliser successivement sur les grandes menaces que l'actualité ou la mode promeuvent dans les médias, au lieu de pondérer les nouvelles raretés les unes par rapport aux autres dans une perspective à long terme.Ce que le mécanisme des prix, animé par le jeu des marchés, réalise dans la sphère marchande - non sans quelques imperfections, certes -, il s'agit de l'étendre au large domaine des raretés encore non marchandes. De préférence aux normes imposées d'en haut, la création de nouveaux marchés - tel celui des droits d'émission de gaz carbonique - ou l'instauration d'écotaxes devraient permettre de concilier le souci de sauver le monde avec celui de préserver les libertés sans lesquelles l'enjeu du développement durable perd son sens pour l'humanité.
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