Jour de deuil

Tous derrière... et lui devant. Même si pour Georges Brassens c'était la mort du petit cheval, dans un enterrement les proches du défunt restent bien sûr derrière. Et là, il s'en passe des choses dans ces occasions ! Sur la scène du Théâtre Antoine, à Paris, ils sont aussi là, derrière, dans ce qui pourrait être encore un lieu de culte très sombre enveloppé de musique sacrée, ou dans le jardin d'une villa, la nuit venue, les uns derrière les autres face à une tombe. Dans Conversations après un enterrement, pièce de Yasmina Reza, des membres de la famille Weinberg commencent ainsi leur deuil. Les deux fils et la fille du mort, la soeur et son mari et, à l'écart, cachée dans la pénombre, une jeune femme.Quel mystère a-t-il emporté avec lui, ce mort ? Quelles blessures laisse ce passionné de musique sur les uns et les autres, tous déjà largement adultes ? Il y a la soeur (Josiane Sotoléru), embourgeoisée jusqu'à la caricature, et son bourru de mari (Bernard Verley) qui en a vu bien d'autres, les deux fils Nathan (Jean-Michel Dupuis) et Alex (Serge Hazanavicius), la fille Édith (Mireille Perrier). Et cette présence, qui dérange au début, de la jeune Élisa (Margot Abascal), si ce n'est que l'on comprend assez vite ses relations partagées avec les deux fils... Disons que, dans ce microcosme, rien de très percutant jaillit, si ce n'est le passé des uns et des autres. Banalités, silences, pulsions affectives, rancoeurs, blagues glissent sur le temps d'une journée.Plein de sous-entendus. Il y a presque vingt ans, c'était en 1987, le nom de la toute jeune Yasmina Reza (25 ans environ à l'époque) résonnait dans le monde du théâtre. Ces Conversations... était sa première pièce mise en scène au Théâtre Paris-Villette par Patrice Kerbrat. L'auteur surprenait alors le public par son ton à la fois très détaché mais plein de sous-entendus, acide tout en étant drôle. Certains évoquaient une petite musique à la "Tchekhov". Yasmina Reza reçut alors le Molière du meilleur auteur. Par la suite, elle signera pas mal de succès théâtraux (Art, Trois versions de la vie...) et littéraires (Hammerklavier, Une désolation...). En France et à l'étranger.Le metteur en scène Gabriel Garan remet sur le plateau ces fameuses Conversations... et retrouve, dans cette production, deux des comédiens de la création, Josiane Stoléru et Jean-Michel Dupuis. Manifestement, il n'a pas cherché à donner plus d'épaisseur aux personnages. Les nombreux silences s'entendent souvent comme du vide. La pièce ne tient que par le talent des comédiens. Notamment Josiane Stoléru. Quelle faconde ! Elle joue magnifiquement la nunuche distinguée face à un Bernard Verley parfaitement cynique.Jean-Pierre BourcierThéâtre Antoine. Tél. : 01.42.08.77.71.
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