Pourquoi pas le bonheur ?

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve", chantait Gainsbourg. C'est exactement le leitmotiv du film de Philippe Le Guay. Comédie ultralégère dans la lignée de Franck Capra, Du jour au lendemain comporte même un (trop) bref moment de comédie musicale, dansée et chantée sur fond de couleurs sucrées. Drôle souvent, répétitif avec des gags un peu trop appuyés parfois, le film est cannibalisé par Benoît Poelvoorde, qui est de tous les plans et dont les mimiques font de plus en plus penser à celles de de Funès. Tout commence très mal ce jour-là pour François Berthier, citoyen lambda qui traîne sa morne vie d'employé de banque sous une pluie battante, de sa banlieue sinistre à son bureau qui ne l'est pas moins. Levé de mauvais poil à cause d'un chien qui a hurlé toute la nuit, sa machine à café lui explose à la figure. Au bureau, le chef l'engueule copieusement, sa femme l'a plaqué et son partenaire de tennis l'a battu à plate couture comme d'habitude. Dur, dur l'existence... Le lendemain matin - un mardi précisément -, surprise, François est tout sourire. Il fait beau, il a bien dormi, tout baigne et les gens sont charmants avec lui. Au bureau, il lui arrive même l'impossible : son chef s'excuse et lui accorde une promotion. Et sa femme semble revenir à de meilleurs sentiments. La vie se mettrait donc enfin à sourire à notre homme tout ébaubi ? Pas si simple, car le voilà qui courbe l'échine sous le poids de ce nouveau bonheur inespéré, source de stress supplémentaire. Et de se mettre en tête de découvrir pourquoi, précisément ce mardi-là, sa bonne étoile s'est mise à briller. Peine perdue, cela va sans dire, et risque d'enlisement et pour notre héros et pour le film...Pas l'ombre d'un nuage ne vient en revanche assombrir le film de Pierre François Martin-Laval. Essaye-moi, c'est ce que demande Yves-Marie à Jacqueline. À 9 ans, il lui avait déjà demandé de l'épouser et elle avait juré craché : "Le jour où tu vas dans les étoiles, je te donne ma main." Vingt-quatre ans plus tard, Yves-Marie est cosmonaute et n'a rien oublié de ce pacte. Sauf que Jacqueline, elle, n'a pas attendu et est sur le point de se marier. Avant d'essuyer un refus définitif, l'amoureux transi lance une dernière bouteille à la mer : passer vingt-quatre heures ensemble, pour les vingt-quatre années écoulées. Jacqueline accepte. Une énergie débordante. Ce drôle de conte de fées, Pierre François Martin-Laval l'avait depuis longtemps en tête. Pas exactement sous la même forme. Le scénario a été remanié avec l'aide de sa complice de toujours, celle qui l'a formé à la comédie : Isabelle Nanty. Si, dans son rôle de cosmonaute, le trublion de la troupe des Robin des bois bouillonne d'énergie, il reste plutôt sage en tant que réalisateur. Pour son premier film, il a préféré assurer son récit. On croit à cette histoire d'amour romanesque. On a envie que la belle succombe au charme de la bête. En tant qu'acteur, Martin-Laval, devenu Yves-Marie amoureux gaffeur, forme un tandem parfait avec Julie Depardieu qui incarne la face pragmatique, sage du couple. À eux deux, ils composent cette fable touchante remplie de gags à la Tex Avery et d'humour absurde. Olivier Le Floc'h et Noël Tinazzi
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