Les voyages d'Avignon

Premières trompettes de Maurice Jarre, ce jeudi soir. Elles vont retentir du côté d'un nouveau lieu investi par le Festival d'Avignon, le château Domaine de Roberty, à une dizaine de kilomètres au nord-est de la capitale du Vaucluse. Pour cette 60e édition, le festival ouvre ses scènes, ici un chapiteau, par la ronde folle des chevaux de Bartabas. Dans ce dernier spectacle, Battuta, ils galopent et dansent aux rythmes d'une musique tzigane endiablée où s'affrontent cuivres et cordes. Bartabas met de côté ses recherches sur le sacré, sur les rituels fortement chorégraphiés (Triptyk, Loung-ta...) pour retrouver le vertige de la liberté, de la vitesse du galop. Il a rodé sa troupe pendant quelques semaines à Istanbul où l'accueil du public fut mieux que chaleureux. ""Battuta" sera encore plus resserré", nous confiait le patron de Zingaro, il y a quelques jours. Cela promet un sacré voyage...Demain, vendredi, place à Josef Nadj, chorégraphe plasticien et artiste associé à la programmation 2006 de l'ensemble du festival aux côtés des deux directeurs, Hortense Archambault et Vincent Baudriller. Il occupe la Cour d'honneur avec sa dernière création Asobu - "jeu" en japonais - inspirée de textes de l'écrivain et grand voyageur Henri Michaux, un spectacle total où se croisent danse, littérature, théâtre (notamment le nô japonais), musique, art plastique. Nadj expose dans Avignon ses photographies, ses dessins et réalisera une performance avec le peintre-sculpteur majorquain Miquel Barcelo, Paso Doble, en l'église des Célestins.Japon métaphorique. Dans Asobu, le voyage de Nadj part d'où il est né, cette Voïvodine enclavée aujourd'hui en Serbie où vit une minorité hongroise, langue du chorégraphe, pour rejoindre un Japon métaphorique. "Je prends une direction plus mentale que topographique, explique l'artiste. Il y a un film de trois minutes dans la pièce sur ma région près du fleuve Tisza. J'ai intégré des danseurs japonais dans cette production où certains d'entre eux évoqueront le nô, installés sur un petit carré mobile sur la scène... Je me concentre sur l'énergie des corps, sur les échanges entre les différents groupuscules, français, hongrois et japonais, qui se rencontrent. C'est comme un voyage initiatique vers l'Orient. Dans cette Cour d'honneur, ma scénographie s'y développera par quelques taches sur le plateau, par les corps et les rythmes soutenus par un quatuor présent sur scène qui fera entendre une musique métissée."Bien d'autres voyages sont attendus. Vers l'Afrique du Sud et le théâtre (Brook monte Sizwe Banzi est mort), vers l'Algérie et la danse (Ben Mahi et Alloucherie créent Faut qu'on parle !), vers la Russie et ses icônes (Lacascade présente les Barbares, de Gorki dans la Cour d'honneur), etc. Un programme séduisant. "Trois quarts des places offertes ont été réservées en quelque deux semaines", souligne non sans plaisir Vincent Baudriller, codirecteur du Festival. Oubliée la bataille d'Avignon de l'an dernier ? Sûrement, mais les surprises peuvent venir par des chemins plus socio-économiques.Jusqu'au 27 juillet. Tél. : 04.90.14.14.14. Arte présente samedi 8 juillet un film de Nadj sur son superbe spectacle "Dernier Paysage". La chaîne proposera mercredi 12 une grande soirée autour du festival : le documentaire "Cour d'honneur et champs de bataille", de Michel Viotte et Bernard Faivre d'Arcier (ex-patron du festival), suivi du film le "Mahâbhârata", de Peter Brook.
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