Une flûte de plomb au Festival d'Aix

Sous le ciel invariablement clair et étoilé d'Aix-en-Provence, les premières dans la cour de l'Archevêché se suivent et ne se ressemblent pas. Après les sommets atteints par l'Orchestre philharmonique de Berlin dimanche soir et la mise en scène élégante de Stéphane Braunschweig, on retombe de très haut avec le seul opéra de Mozart de la 58e édition d'un festival qui lui fut, à ses origines, principalement dédié et qui est devenu de plus en plus éclectique. Confus et abscons. Or non seulement cette Flûte enchantée semble l'unique concession, presque à contrecoeur, du directeur du festival, Stéphane Lissner, à l'année Mozart, mais elle a été "sacrifiée" en la confiant à une troupe d'interprètes insuffisamment aguerris et à un metteur en scène qui plaque une vision par trop rigide, dogmatique, de l'ultime opéra de Mozart. Si elle contient les ingrédients désormais indispensables à tout spectacle d'opéra chic et in - dont les inévitables projections vidéo -, la mise en scène du Polonais Krystian Lupa, axée sur l'adhésion de Mozart à la franc-maçonnerie, plombe un spectacle qui devrait au contraire avoir la légèreté pour bréviaire.Dans le programme distribué gratuitement au public (heureuse initiative du festival !), Lupa, établi au Théâtre national de Cracovie et connu en France pour ses mises en scène à l'Odéon, voit dans cet opéra-comique en allemand (singpiel), créé en 1791 au théâtre populaire de Vienne Auf der Wieden, une "opposition entre l'intuition et la raison". Et dans le contraste entre les deux personnages masculins, Tamino, candidat volontaire à l'initiation franc-maçonne avec comme appât l'amour de Pamina, et Papageno, l'oiseleur farouchement attaché à sa liberté, le moteur de l'action. Quoique réducteur, le point de vue se défend. Le problème, c'est que sa mise en oeuvre (et en images) sur scène hésite entre le confus et l'abscons. Les quelques vidéos projetées sur le fond de scène laissent perplexes et les parasites sonores (brouhaha de foule, goutte d'eau tombant du plafond du temple de la sagesse...) sont carrément exaspérants.L'impression générale de pesanteur est aggravée par le tempo ralenti imposé par le jeune chef Daniel Harding qui, à la tête du Mahler Chamber Orchestra, imprime une solennité d'office religieux à la partition. Très jeune également, la distribution vocale ne comporte pas de révélation notable, si ce n'est le baryton viennois Adrian Eröd, Papageno, qui insuffle un air revigorant à ce spectacle cacochyme. Les 7, 9, 11, 14, 16, 19, 21 et 22 juillet. Tél. : 04.42.17.34.34. www.festival-aix.com
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