La Périchole assassinée

Je suis un peu grise, un peu grise..." Qui n'a en tête cet air fameux de La Périchole ? Sous des allures faciles, l'opéra bouffe d'Offenbach ne souffre pas l'amateurisme. Jeanne Balibar s'y est collée et... plantée. Sans être un puriste on est indigné par l'injure faite au musicien. La comédienne fétiche des théâtreux et des cinéastes à la mode participe à un projet bancal de Julie Brochen qui s'est mis en tête de raconter l'Histoire vraie de la Périchole sous une forme non figée. La metteure en scène fut plus heureuse lorsqu'elle collabora la première fois avec le Festival d'Aix pour La Petite Renarde rusée, de Janacek, en 2002.Hybride, plus faite pour les scènes de théâtre que celles d'opéra, cette adaptation de l'oeuvre d'Offenbach tient du spectacle de cabaret, voire du café-théâtre. Ce n'est pas une raison pour massacrer la partition, servie par une petite formation (un piano, un violoncelle et une clarinette) accompagnant une troupe de seize comédiens qui s'essayent au chant. Sans grand succès.Forme brouillonne. Dans le beau décor baroque de la cour de l'Hôtel Maynier d'Oppède est déroulée, dans une forme qui se veut populaire mais qui est en fait brouillonne, l'histoire véridique et fabuleuse de la Périchole. Cette comédienne célébrissime au Pérou, née Micaëla Villegas (1748-1819) dut son surnom de "Perricholi" ("chienne de métisse") à la mésalliance de sa mère, fille de bonne famille espagnole qui "fauta" avec un chanteur des rues. Devenue la favorite du vice-roi du Pérou, la Périchole n'en resta pas moins une femme libre, fidèle à ses origines. Cette trajectoire peu banale, inspira une foule de créateurs. Bertrand Villegas, le descendant de la Périchole,lui consacra un roman biographique dont s'inspire Julie Brochen.Très proches du public, les acteurs-chanteurs s'agitent beaucoup. Pour embrouiller le tout il y a deux Périchole. L'une, actrice mûre, plutôt bien jouée (mais très mal chantée) par Jeanne Balibar. L'autre joue et chante merveilleusement la jeune Micaëla Villegas. C'est une professionnelle du chant espagnol, Sandra Rumolino, et l'on regrette que sa prestation soit si brève.Jusqu' au 22 juillet, Tél. : 04.42.17.34.34, [email protected] programme de l'été 2007Le programme de l'édition 2007 comporte six productions lyriques dont deux dans la nouvelle salle : La Walkyrie, de Wagner par l'Orchestre philharmonique de Berlin (du 29 juin au 8 juillet) et De la maison des morts, de Janacek, dirigé par Pierre Boulez et mis en scène par Patrice Chéreau (du 16 au 22 juillet). De Mozart, une nouvelle production des Noces de Figaro (du 1er au 21 juillet) et la reprise de L'Enlèvement au sérail (2003) par le trio Marc Minkowski, Macha Makeïeff, Jérôme Deschamps (du 4 au 20 juillet). Enfin, de Monteverdi, reprise de L'Orfeo, chorégraphié par l'Américaine Trisha Brown (du 6 au 15 juillet) et une nouvelle production scénique sur ses madrigaux par l'Académie du festival.
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