"Battuta" : le plaisir du jeu à toute allure

La dernière création du célèbre Bartabas, grand prêtre du théâtre équestre Zingaro, a pour titre Battuta. Et c'est "Bat", comme on disait il y a quelques années, parce qu'en quittant le chapiteau installé sur le domaine de Roberty-au-Pontet, près d'Avignon, restent les images folles du spectacle, l'intelligence simple. Pas de prise de tête sur le sens. Du jeu, seulement du jeu sur la course aux risques, sur l'enchaînement à très grande vitesse de saynètes pleines d'humour, de tendresse, de liberté, de provocation aussi. Alors, malgré quel-ques redites sur certaines séquences, c'est à prendre et à emporter. De 6 à 106 ans !Cavalcades. Battuta, comme on dirait du tac au tac, c'est rom, roumain. Bartabas est allé cher- cher les musiques dans cet Est européen. Il en a ramené deux orchestres. Ils se font face sur les gradins, autour de la piste. À la fanfare moldave et ses cuivres répond un ensemble à cordes venu de Transylvanie. Là-bas, la première joue pour les mariages ou les enterrements, le second pour les bals avec sa musique à danser. Des différences dont Bartabas a saisi les complémentarités.Autour d'une cascade d'eau qui tombe au centre de la piste et change de couleur selon les scènes, ce n'est que cavalcades des chevaux, des cavaliers, des cavalières et autres roulottes théâtralisées. Il y a une mariée que l'on verra avec sa longue traîne portée par des ballons blancs, son homme impeccablement costumé, les garçons d'honneur, les familles, les oies blanches qui volent, des filles qui, chacune sur son cheval, s'étripent pour récupérer de vieux slips qui sèchent sur corde à linge, quand l'une finit par lui montrer... ses fesses. À 100 à l'heure, les garçons d'honneur s'échangent les chapeaux, un autre fait un quasi-strip-tease pour se retrouver en slip léopard. Il y a la joie du mariage mais aussi ses déceptions, alors ça s'engueule, l'ours (des Carpates) s'en mêle. On le retrouvera dans des postures fantasmatiques auprès de la belle.Dans ce Battuta, où presque tout se passe à cheval, ça pirouette, ça glisse au-dessus, en dessous, ça s'accroche par les pieds, par les mains, par la queue des chevaux, ça court à côté. Les chariots sont baignoires, vieille "Deuche", corbillard. Bref, ça tourne, ça tourne et les chevaux, une marée de chevaux, sont formidables. Comme celles et ceux qui les montent.Jusqu'au 27 juillet. Tél. : 04.90.14.14.14. Bartabas sera seul avec son cheval Le Caravage et des musiques soufies pour un "Lever de soleil" (5 h 30) à la Carrière de Boulbon du 22 au 27 juillet.
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