Nadj frôle le but

Avec Josef Nadj dans la cour d'honneur du palais des Papes, c'est la quasi-assurance d'une belle rencontre avec un artiste aux multiples talents - chorégraphe, danseur, plasticien, conteur - dans un de ses voyages qu'il sait faire partager depuis, déjà, pas mal d'années. Le lieu, toujours impressionnant, est de ceux qui transcendent des artistes. Or Asobu, sa nouvelle chorégraphie annoncée comme un périple initiatique vers le pays du Soleil-Levant sur les traces de l'écrivain Henri Michaux, ne se reçoit pas avec autant d'évidence.Nadj a réuni des éléments de grande qualité pour tailler une oeuvre forte : la musique avec un quatuor, sur le plateau, d'une vigueur et maîtrise absolue menée par Akosh Szelevenyi et Szilard Mezeï ; des danseurs et danseuses (seize en tout dont Nadj) venus d'ici et d'ailleurs - Japon - tous d'une technicité irréprochable ; une scénographie (de Nadj) qui sait occuper par des déplacements d'éléments (tables, podium ou ring, chaises, paravents, vidéo) l'immensité du lieu ; des costumes d'une forte et simple élégance... Pourtant, après environ trois quarts d'heure (la mi-temps environ), on ressent comme un coup de pompe après des moments magnifiques, surprenants, inventifs. Et l'on ne retrouve cette dynamique que vers la fin.Un théâtre d'ombres inquiétant. Pourquoi ce sentiment final mitigé ? Rien à reprocher à l'orchestre. Percussions et autres instruments font entendre une palette musicale extraordi- naire, entre les évocations centrales de l'Europe et les extrêmes du Japon, entre les bruitages musettes et les plages jazzy postmodernes en passant par des couleurs majestueusement néobaroques. Les images vidéo presque sépia projetées sur le grand mur sont d'un humour troublant (cheval malin et joueur, personnages truculents... fantômes, esprits). L'énergie de la danse surprend également comme ce groupe virevoltant sur une jambe, l'autre étant comme amputée. Et il y a ce théâtre d'ombres inquiétant derrière un rideau blanc projetant des formes façon Jérôme Bosch.Mais Nadj hachure, complexifie son puzzle et largue un peu le spectateur. Là devant la scène, ce dernier n'a pas de retour sur image possible. Ne peut relire son Michaux, faire revenir ses dessins, ses tribus inventées. Trop de saynètes "anecdotisent" le propos. C'est une tendance dans nombre de spectacles actuels. Comme une influence subliminale de la télé ? Nadj saura régler tout ça. Asobu contient assez de pépites pour poursuivre son voyage.Jusqu'au 13 juillet. Tél. : 04.90.14.14.14. Sur France 4 le 12 juillet à 22 heures en direct.Copi conformeMarcial Di Fonzo Bo a raison de continuer à creuser l'univers de Copi le dessinateur, le romancier et l'homme de théâtre. À Avignon, il redonne sa formidable adaptation d'une Tour de la Défense explosive et il fait renaître par des dessins "animés" sur des rideaux blancs toute la famille de la Femme assise. Intelligent et drôle.Jusqu'au 16 juillet.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.