Rébellion dans l'avion

Les cinéastes peuvent-ils mettre en scène les attentats terroristes du 11 septembre ? Deux films américains répondent par l'affirmative mais très différemment : Vol 93, docu-fiction qui sort cette semaine sur les écrans français, et World Trade Center, d'Oliver Stone, attendu pour le 20 septembre. Sans préjuger du film d'Oliver Stone qui n'a pas encore été projeté en France (juste les vingt premières minutes au Festival de Cannes), son synopsis (l'histoire vraie de deux policiers piégés dans les décombres des tours) et son casting de vedettes (dont Nicolas Cage) font craindre une superproduction lacrymogène. Ce n'est pas du tout le cas de Vol 93, film très réaliste, honnête et crédible.93 est le numéro de vol du Boeing 757 qui, le 11 septembre 2001, fut le seul avion des quatre dirigés par les terroristes à manquer sa cible (la Maison-Blanche ou le Capitole). Le film fait revivre en temps réel les 90 minutes qui se sont écoulées entre le moment où l'appareil a été détourné et celui où il s'est écrasé en Pennsylvanie. Les trente-sept passagers et les sept membres d'équipage, qui ont pris la décision de se rebeller, sont tous morts dans le crash, érigés en héros par le gouvernement et les médias américains. Mais, non content d'accabler l'incompétence et l'impréparation des services de sécurité aérienne civile et militaire américains, Paul Greengrass démontre que, pour les passagers (déjà informés par téléphone portable des attaques contre le World Trade Center à New York), se rebeller était une affaire de survie. Et non d'héroïsme. Avec un sens consommé de la mise en scène, le réalisateur fait revivre ces instants de chaos et de terreur côté passagers et côté terroristes.Précautions. Conscient de sa responsabilité de cinéaste, Greengrass s'en entouré d'un maximum de précautions. Il s'est appuyé sur les enregistrements des données du vol, sur des documents d'archives nationales, les témoignages de proches des victimes, de contrôleurs aériens et de militaires ou civils qui sont intervenus ce jour-là. Il a pris soin d'associer les familles des victimes afin de dresser un portrait fidèle des passagers. Tourné en Angleterre, le film a fait appel en priorité à des acteurs non professionnels ressemblant aux passagers du vol 93 ou aux personnes ayant une certaine formation en aviation. Résultat, on a réellement le sentiment d'être dans ce vol maudit. Et l'on partage avec ses passagers la certitude terrible qu'il sera le dernier.
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