Avec Sizwe Banzi est mort, Peter Brook met en scène des textes d'auteurs sud-africains. " Ce qui se passe au théâtre n'est jamais réel, c'est une imitation, au meilleur sens du terme ", explique Peter Brook dans un petit livre, Entre deux silences (Actes Sud-Papiers), où le metteur en scène répond aux questions d'étudiants états-uniens. Pour lui, pas de différence entre, par exemple, un Shakespeare et son interrogation contemporaine qu'il porta au théâtre dans sa pièce L'homme qui. À Avignon, il poursuit ce travail d'" imitation du réel " en adaptant des auteurs sud-africains, Athol Fugard, John Kani et Winston Ntshona, dans une pièce titrée Sizwe Banzi est mort. Dans cette Afrique du Sud des townships, de l'apartheid, la circulation des Noirs n'est pas libre, leur reconnaissance sociale par le travail non plus. Style, c'est son prénom, raconte une journée dans son usine quand c'est un grand chambardement pour cause de visite éclair de l'actionnaire. Avec quelques caisses en carton, des portants qui feront portes et autres usages, Style construit des images d'une force simple et drôle. Quand il devient photographe (c'est son " pas sur la Lune " à lui ou son " grand pas pour l'humanité "), c'est une galerie de portraits virtuels qu'il fait défiler devant nous. Arrive chez lui un certain Sizwe Banzi qui vient de voir un homme mort dans un coin de rue, et dont il a pris les papiers. Ce Sizwe explique qu'il est coincé pour rentrer chez lui, qu'il n'a pas le passeport obligatoire, qu'il ne trouve pas de travail. Le déluré Style trouve la solution terrible mais pragmatique : le changement d'identité. Résumée comme cela, l'affaire paraît un peu courte. Mais la mise en scène astucieuse est portée par deux comédiens excellents, Habib Dembélé et Pitcho Womba Konga, et ce voyage en Afrique du Sud devient mieux qu'un document sur l'histoire récente... du théâtre, tout simplement.Jusqu'au 27 juillet. Tél. : 04.90.14.14.14.

latribune.fr

26 Sept 2008, 6:43

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