Taux + Les marchés obligataires optimistes avant le conseil de la Réserve fédérale

Le marché obligataire français s'est offert un petit « rallye » en fin de journée hier, porté par les derniers chiffres américains - considérés comme non inflationnistes -, notamment l'indice national des directeurs d'achat, attendu à 56,4 en juin et sorti en fait à 55,7 contre 57,1 en mai. Les taux à 10 ans français ont ainsi suivi le mouvement imprimé par les emprunts américains. Les rendements à 30 ans outre-Atlantique se sont détendus et s'affichaient à 6,75 % à la mi-séance, contre 6,78 % la veille en clôture, tandis que les taux à 10 ans français passaient de 5,59 % lundi à 5,54 %, hier, leurs plus bas niveaux historiques, déjà atteints au cours du premier semestre. Toutefois, le marché français reste (malgré l'afflux de liquidités provenant des investisseurs institutionnels domestiques, qui débutent le nouveau semestre) soumis à l'adjudication d'obligations allemandes à 30 ans (qui a débuté hier et se poursuit aujourd'hui) et sous la pression à venir de la même opération de la part du Trésor français qui mettra sur le marché demain et jeudi respectivement 21 et 23 milliards d'obligations. Au-delà de ces phénomènes techniques, les marchés obligataires, de part et d'autre de l'Atlantique, s'ils restent bien orientés, n'en sont pas moins prudents. L'événement clé de la semaine est bien sûr la réunion du conseil de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, qui se réunit sur deux jours, jusqu'à aujourd'hui. Les opérateurs restent partagés sur l'attitude qu'adopteront les sages de la Fed à l'issue de leur conseil. Certes, l'inflation, que l'on attend depuis plusieurs mois, voire plusieurs années maintenant alors que le cycle économique est en plein épanouissement, n'est toujours pas au rendez-vous. « Le marché n'attend pas de relèvement de l'objectif des Fonds fédéraux, note Michael Hughes, chef économiste chez BZW à Londres, et l'indice des directeurs d'achat va dans ce sens. » « Il n'en reste pas moins qu'à un moment ou à un autre la Fed devra remonter ses taux », poursuit-il avant d'ajouter : « Le faire quand le marché ne s'y attend pas permettrait à la Fed d'avoir un meilleur impact, d'autant que la croissance est plus élevée que ne le veut la Banque centrale. » Selon ce spécialiste, pour contenir la croissance dans une fourchette de 4 % à 5 % (contre 5,9 % au premier trimestre 1997), la Fed devrait renchérir les conditions de crédit de 0,50 %, autrement dit porter l'objectif des Fonds Fédéraux de 5,50 % à 6 %. « Il y a donc 30 % de chances pour que les autorités monétaires américaines décident d'agir de façon préventive aujourd'hui, avec une hausse de 0,25 % », conclut-il. Relèvement prématuré ? « Il y a une différence entre une action préventive et une action prématurée », rétorque Neal Soss, chef économiste au Crédit Suisse First Boston à New York. « L'économie est au beau fixe, avec une croissance non inflationniste. Pourquoi briser une si belle machine ? », se demande-t-il. Ce qui ne l'empêche pas de croire que la Fed agira plus tard dans l'année en relevant son taux des fed funds. Enfin, les chiffres de l'emploi américain, qui seront publiés jeudi, donneront sans doute aussi une meilleure image de l'économie américaine et de ses éventuels dangers. Et les opérateurs se concentreront sur le prochain conseil de la Fed, en août. Lysiane J. Baudu
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