Banque centrale + La Fed laisse ses taux inchangés

Après deux jours de délibération, le conseil de la Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé de laisser l'objectif des fonds fédéraux inchangé face aux signes de ralentissement économique, après la forte poussée du premier trimestre. L'objectif des fed funds est donc, depuis le 25 mars (date à laquelle il avait été relevé de 0,25), fixé à 5,50 %. De même la Fed s'était abstenue de toucher à son taux directeur le 20 mai. Alan Greenspan, le président de la Fed, se trouve en fait face à un paradoxe sans doute inédit dans l'histoire. En effet, à l'heure actuelle, le chômage, dont les chiffres de juin seront rendus publics aujourd'hui, reste faible, la confiance des consommateurs demeurant, elle, très forte, et les salaires ne semblant pas vouloir reculer. Une situation qui devrait, en toute logique, donner lieu à une résurgence d'inflation. Surchauffe économique. Or le spectre inflationniste ne semble toujours pas sortir du placard. Comment, dans ces conditions, justifier une action préventive vis-à-vis d'une inflation encore absente en relevant les taux ? De plus, la hausse des taux longs, l'an dernier, n'a pas eu un grand impact sur l'économie. Elle n'a pénalisé ni la demande, ni l'investissement. « Au contraire, les Etats-Unis se trouvent pratiquement dans une situation de surchauffe économique, tout en participant à la tendance mondiale de recul de l'inflation », note Roland Calvo, chef économiste à la Commerz Financial Products à Francfort. « Dans ces conditions, les citoyens américains ne comprendraient pas le bien-fondé d'un resserrement des conditions de crédit », conclut-il. A la mi-mars, le patron de la Fed s'était déjà fait critiquer par les hommes politiques, qui l'accusaient de briser la croissance. « La Fed ne doit pas aller au-delà de son mandat sur les taux, les petit porteurs aiment la faible inflation, tout comme ils apprécient la hausse des bénéfices des entreprises », soutient de son côté Neal Soss, chef économiste au Crédit Suisse First Boston à New York. Contingences. Reste à savoir maintenant comment la croissance va évoluer au cours des mois qui viennent. Et là, il faut prendre une boule de cristal. Nul ne sait si le début de ralentissement enregistré récemment se poursuivra, ou au contraire si la croissance rebondira. Or l'évolution de l'activité économique guidera en partie les décisions à venir des autorités monétaires outre-Atlantique. Pour l'instant, la croissance reste florissante, même si, au deuxième trimestre, le taux annualisé s'affichera, selon les spécialistes, en sensible recul par rapport au bond du premier trimestre (5,9 %). Elle devrait donc, dans l'ensemble, sur la première moitié de l'année au moins, s'établir en moyenne légèrement au-dessus des souhaits de la Fed. La croissance, tirée par la demande, devait, selon Alan Greenspan, ralentir sur l'année, grâce à une réduction des créations d'emplois, et à une moindre hausse des salaires. Rien de tel ne s'est produit pour l'instant. Faut-il quand même prévenir, non pas l'inflation, mais l'envolée du marché des actions ? Greenspan avait déjà essayé, en décembre dernier, en taxant d'exubérance irrationnelle l'attitude des opérateurs sur les actions. Mais depuis, contrairement à ce qu'il espérait, le Dow Jones a pris plus de 1.000 points et les taux longs se sont détendus... Lysiane J. Baudu
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