Le dollar se prépare à un été léthargique

LE TERME « prometteur » inclus dans le communiqué final du sommet des Sept, s'agissant du renversement ordonné des parités des grandes monnaies depuis 1995, sous-entendait-il que les protagonistes souhaitaient une poursuite du redressement du dollar ? Et ce, bien qu'Américains, Allemands et Japonais se soient déclarés implicitement satisfaits des cours retrouvés par le billet vert. Si tel était le cas, alors qu'ils semblent avoir repris la main sur le marché des changes après les tempêtes spéculatives des récentes années qui les avaient totalement pris de court, ces Etats risquent de rester sur leur faim. Toujours proche du seuil de résistance de 110 yens, mais toujours incapable de la franchir, le dollar est resté coincé vers le bas de sa récente fourchette de transactions face au deutsche mark et au franc français, oscillant respectivement autour de 1,5230 et 5,15. Si l'on en croit les analystes de Merrill Lynch, cette situation de volatilité extrêmement réduite qui dure depuis le début de l'année pourrait se poursuivre encore plusieurs mois. A moins bien sûr d'une grosse surprise lors des élections russes. A l'appui de cette thèse, on trouve le faible niveau de rémunération qu'offre le dollar, si ce n'est face au yen, du moins vis-à-vis des monnaies européennes du noyau dur. Pour ces experts, le dollar n'a aucune chance de renouer avec une tendance haussière tant que ses rendements resteront figés aux niveaux actuels. Or la Bundesbank, bien qu'elle entretienne savamment le suspense sur l'avenir de sa politique monétaire, ne semble pas pressée de réduire son taux de prises en pension - le seul sur lequel subsiste une marge de manoeuvre - figé à 3,30 % depuis début février. Le marché obligataire salue la perspective de statu quo Quant à la Réserve fédérale, dont le conseil, qui durera deux jours, s'ouvre ce mardi, il est peu probable qu'elle décide dans l'immédiat d'une inflexion du cycle de baisse des taux à court terme, entamé voilà tout juste un an. Les risques de surchauffe qu'avaient laissé redouter les dernières statistiques de l'emploi - celles de juin seront connues vendredi - ont été nettement amortis par les récents chiffres. Hier, la hausse à 54,3 de l'indice des directeurs d'achats a été contrebalancée par le recul de 0,9 % des dépenses de construction. Le marché obligataire a d'ailleurs salué la perspective du statu quo par une nette détente depuis vendredi dernier, le rendement de l'emprunt phare à trente ans est retombé de 7,09 % à 6,91% d'un lundi sur l'autre. De fait, même si en termes nominaux le dollar offre une rémunération à court terme supérieure de près de 200 points de base à celle proposée sur le mark, en termes réels - c'est-à-dire défalqués de l'inflation - son avantage se réduit comme une peau de chagrin. Sur le long terme, la balle repasse même franchement dans le camp de la monnaie allemande, avec une prime, toujours en termes réels, de près de 200 points de base, pour des taux nominaux à dix ans de 6,73 % aux Etats-Unis et de 6,51 % en République fédérale. ISABELLE CROIZARD
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