Le marché s'interroge sur les stocks cachés de Sumitomo

QUEL TONNAGE de cuivre Yasuo Hamanaka, l'ex-trader vedette de Sumitomo, a-t-il dissimulé hors des hangars du LME ? Cette question tracasse tous les acteurs du marché du cuivre. Elle bloque toutes les tentatives de stabilisation de la chute des cours. Cette interrogation empoisonne aussi les producteurs. Le risque de voir surgir des dizaines, des centaines de milliers de tonnes d'ici à la fin de l'année des entrepôts « secrets » de Sumitomo remet en cause les plans de charge des mineurs et des affineurs. « La rentabilité des mines ou des affineries les moins performantes est remise en cause par la libération des stocks détenus par Sumitomo », affirmait lundi le directeur de Norilsk, le producteur russe. En fait, les certitudes sur les tonnages de métal rouge contrôlés par Sumitomo s'effritent. Ted Arnold, de Merrill Lynch, convient que les « affirmations contenues dans son dernier rapport doivent être relativisées ». Cet analyste, un vétéran des non-ferreux et du LME, croyait pouvoir écrire, vendredi dernier, que « l'essentiel de la position longue (stocks contrôlés par Sumitomo, NDLR) avait été liquidé ». Il semble bien qu'il n'en soit rien. Les traders et les analystes scrutent à nouveau les mouvements du métal rouge au LME à la loupe. Et, au vu des tendances de livraisons au LME qui se dessinaient entre juillet et décembre 1995, « 250.000 tonnes auraient dû entrer dans les entrepôts entre janvier et juin », constate Lawrence Eagle, de GNI. Il semble bien que l'essentiel de ce métal ait été stocké par Yasuo Hamanaka dans divers entrepôts d'Extrême-Orient. Des stocks intensément négociés Ces derniers mois, alors que la consommation reculait en Corée et à Taiwan, ces deux pays continuaient d'importer du métal. A l'arrivée, 75.000 tonnes contrôlées par Sumitomo seraient entreposées à Taipei. Environ 25.000 tonnes « dormiraient » en Corée, affirme Peter Holland, l'éditeur d'une lettre spécialisée bien informée. Surtout, depuis que l'affaire Sumitomo est sur la place publique, des warrants (certificats de dépôts de métal) se remettent à circuler et, constate Jim Lennon de Macquarie, « il devient aisé de sortir du métal de l'entrepôt de Long Beach ». Pour l'heure, ces stocks cachés, qui seraient des collatéraux (sûreté) à des prêts bancaires, feraient l'objet d'intenses négociations avec les deux ou trois banques ou négociants ayant les reins suffisamment solides pour gérer une position aussi importante sans faire plonger le marché. G.-A. K.
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