Mini-baisse « psychologique » du taux d'appel d'offres

La Banque de France a abaissé hier de 0,05 % son taux d'appel d'offres, pour le ramener à 3,55 %. Il y a quelques jours, la banque centrale française avait ouvert la voie à cette décision en pilotant, vendredi dernier, une détente du loyer de l'argent au jour le jour. Depuis, le JJ est resté stable, à 3 5/8 %-3 3/4 %. Même si, pour certains économistes, une détente aussi faible du taux d'intervention (la Banque de France avait plutôt habitué les marchés à 0,10 %) n'apporte pas un grand bol d'oxygène à l'économie, sa décision revêt un aspect psychologique certain, en intervenant dans un contexte économique on ne peut plus morose. Le Premier ministre Alain Juppé a beau dire que « tout ne va pas mal en France », les consommateurs, eux, semblent encore peu convaincus. Et compte tenu des derniers chiffres records de chômage en France et des annonces de suppressions d'emplois dans des entreprises aussi connues que Moulinex, les arsenaux ou le Crédit Lyonnais, on comprend que les Français aient du mal à ouvrir leur porte-monnaie. Jean-Claude Trichet, le gouverneur de la Banque de France, a beau répéter que les taux sont historiquement bas, les Français préfèrent encore épargner qu'emprunter de l'argent pour consommer. Réveiller l'appétit des consommateurs Toute la difficulté est donc de faire évoluer la psychologie des Français. L'attitude de la Banque de France, qui agit désormais comme la Bundesbank, se traduit par une volonté affichée de réchauffer la frilosité des consommateurs. La Buba a, de fait, habitué les citoyens allemands à des baisses de taux après l'annonce de mauvaises nouvelles conjoncturelles, au point que ceux-ci ont désépargné, sûrs que les autorités monétaires continueraient de travailler pour la relance de l'économie. La Banque de France, encore récemment, s'était simplement contentée de suivre sa consoeur d'outre-Rhin dans son mouvement de baisse. Si l'on exclut la détente de 0,10 % sur e taux d'appel d'offres du 11 avril, qui avait été suivie par une baisse d'un demi-point sur les deux taux directeurs allemands (Lombard et escompte, la banque centrale française n'a commencé à baisser unilatéralement ses taux qu'à partir du 6 juin en ramenant son taux d'intervention à 3,60 %. A partir de cette période, les statistiques économiques illustraient une situation plus dégradée en France qu'outre-Rhin. En France, « les opinions sur la situation économique sont dominées par l'attentisme, voire le pessimisme, alors que les statistiques d'activité et de consommation, quoique décevantes, ne sont pas franchement mauvaises », constatent les économistes de la BFCE. « Le risque serait évidemment que les évolutions favorables soient annihilées par un cycle auto-entretenu de morosité » , préviennent-ils. Pourtant, selon les statistiques décortiquées par la BFCE, les dépenses en matière d'achats de produits manufacturés, par exemple, dépassent sur les deux derniers mois connus la moyenne de 1995 de 1,3 %. Même si les taux sont déjà historiquement bas, peuvent-ils encore baisser ? La Banque de France, même si elle a fait preuve d'indépendance vis-à-vis de l'Allemagne, espère sans doute un geste, de 0,05 % par exemple, la semaine prochaine sur le taux des prise en pension - le Repo allemand, fixé à 3,30 % depuis le 1er février, qui lui donnerait une nouvelle marge de manoeuvre d'environ 0,10 % à 0,20 %. L. J. B.
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