Les Anglo-Saxons s'intéressent au marché obligataire français

Y a-t-il un intérêt pour les banques anglo-saxonnes à venir à Paris si elles n'y sont pas déjà ? La question revient régulièrement sous les boiseries des board rooms de la City. Et pour cause. Depuis quelques mois, le phénomène se confirme sur le marché obligataire français : les cours sont soutenus avant tout par les investisseurs institutionnels domestiques. Il s'agit notamment des compagnies d'assurances françaises, dont la collecte de primes s'est fortement gonflée ces derniers mois, mais également des grandes Sicav, auxquelles est confiée l'épargne à long terme. D'où l'interrogations des professionnels anglo-saxons sur l'opportunité de venir capter ces flux en s'implantant directement sur la place française. « La plupart des marchés, à l'exception de l'Allemagne, sont devenus très domestiques, explique un spécialiste en valeurs du Trésor (SVT) d'origine étrangère à Paris. Et les rumeurs faisant état d'une arrivée des grandes banques telles que HSBC, Crédit Suisse First Boston ou Salomon Brothers, qui ne sont pas membres de la communauté des SVT, refont surface périodiquement. » A trois ans de l'union monétaire, est-il trop tard pour adopter le statut de SVT ? Pas forcément. En tout cas, les établissements anglo-saxons, SVT ou pas, ont tout le loisir de renforcer leurs équipes de ventes à Paris et de prendre pied sur d'autres créneaux du marché. Ainsi Salomon Brothers a adopté une politique d'expansion dans le domaine des services financiers aux entreprises à Paris. « Nous nous posons régulièrement la question de l'intérêt d'adopter le statut de SVT », confie-t-on au siège de la banque à Londres. « Dans la perspective de la monnaie unique, le poids des investisseurs français représentera environ 30 % du nouveau marché unifié. Il n'est pas possible de négliger ce segment de clientèle », estime un professionnel parisien. « Grâce à la technologie, la notion même de présence à Paris ne signifie rien. Nous pouvons vendre des produits aux Français depuis Londres », déclare pour sa part Philippe Leroy, managing director France de HSBC. La situation actuelle de sur-représentation des intérêts français et de quasi-absence des intérêts non résidents a pour conséquences de protéger le marché obligataire local des turbulences américaines. « La corrélation entre les taux français et les taux américains est quasiment nulle, expliquait ainsi la Caisse des dépôts dans une récente étude. L'énorme flux d'achats d'obligations, en raison de l'allongement de l'épargne, stabilise le marché et le rend très résistant à toutes les perturbations. » Les non-résidents ne détiennent qu'environ 15 % de la dette française (même s'ils la travaillent activement tous les jours), alors qu'ils possèdent 37 % du stock de la dette allemande. Le risque que les étrangers sortent massivement du marché allemand se traduit dans le différentiel de taux à 10 ans entre les deux pays. Le différentiel est pratiquement tombé à zéro, alors que la France a souvent eu à payer une prime de risque supérieure. Mais i la monnaie unique se réalise, l'euro devra être aussi fort que le mark. Si elle échoue, alors le mark redeviendra une valeur refuge, estiment les marchés En dépit des progrès de la France, l'Allemagne garde donc encore un crédit, plus psychologique que réel, sur les places financières. Lysiane J. Baudu
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