MONNAIES + Le dollar affiche son plus haut depuis quarante mois

Le dollar est monté hier à de nouveaux points hauts face au deutsche mark et au franc français depuis février 1994, avant même le verdict de la Fed. Il a franchi au passage deux seuils de résistance extrêmement solides à respectivement 1,75 et 5,90. En l'absence d'informations importantes susceptibles de faire remuer les marchés, il a continué sa progression en apesanteur pour se hisser au plus haut dans les transactions jusqu'à 1,7535 mark et 5,9065 francs. Même la baisse de 0,7 % des commandes à l'industrie aux Etats-Unis en mai n'a pas réussi à inverser sa trajectoire. Le maintien du statu quo sur les taux de la Fed, relevés à 5,50 % en mars, prouve que les fondements de sa hausse n'ont qu'un lien ténu avec l'avantage de rendements dont il bénéficie par rapport aux monnaies européennes. Cet avantage n'est d'ailleurs pas si alléchant. Si, à court terme, le différentiel de taux entre le billet vert et le deutsche mark atteint 250 points de base, sur le long terme - l'un des déterminants essentiels des taux de changes quand les opérateurs n'ont rien d'autre à se mettre sous la dent -, il s'est réduit à moins de 80 points de base si l'on compare les taux à dix ans des deux côtés de l'Atlantique. Croissance ininterrompue. Il faut donc chercher ailleurs les raisons de la vigueur du dollar. Au centre de la carte qui lie les investisseurs au billet vert, on trouve le décalage conjoncturel obstinément favorable aux Etats-Unis, sur une piste de croissance ininterrompue depuis près de sept ans. Hier, l'institut de conjoncture allemand DIW a annoncé « la plus longue phase de quasi-stagnation de l'économie d'outre-Rhin depuis la Deuxième Guerre mondiale », limitant son pronostic de progression du PIB à 2 % cette année sans impulsion supplémentaire en 1998, après une année 1996 marquée par une croissance de 1,9 %. Et d'ajouter que sans « changements radicaux », le taux de chômage, déjà à son plus haut niveau depuis la guerre, atteindrait 12,1 % l'an prochain. Ces chiffres sont à comparer avec la croissance de 5,9 % en rythme annuel atteinte par les Etats-Unis au premier trimestre, avec un taux de chômage tombé à 4,8 % de la population active. Si l'on ajoute à ce tableau hautement favorable au dollar, l'euro confusion ambiante de ce côté-ci de l'Atlantique, qui affaiblit la monnaie allemande, les ingrédients seraient réunis pour une poursuite de la hausse de la monnaie américaine jusqu'à 1,80 mark, soit un peu plus de 6 francs. A une objection près : le contentieux commercial entre les Etats-Unis et le Japon devrait brider sa hausse vis-à-vis du yen. Lequel yen a attiré hier des flux de capitaux en provenance d'Asie après la dévaluation du baht thaïlandais, qui lui ont permis d'être la seule monnaie à se raffermir vis-à-vis d'un billet vert conquérant pour se négocier à 114,50. Isabelle Croizard
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