Les emprunteurs étrangers privilégient la France

SI LES INVESTISSEURS étrangers sont actuellement peu présents sur le marché de la dette française, détenue majoritairement par les institutionnels français, les emprunteurs étrangers, eux, privilégient la France pour leurs émissions. Dernier emprunteur en date : la région d'Andalousie, qui a émis hier 680 millions de francs d'obligations 6,25 %, à sept ans. Au premier semestre 1996, les emprunts en francs français ont bondi de 50 % par rapport à la même période de 1995, pour totaliser 347,5 milliards de francs (y compris les émissions du Trésor). Sur l'euromarché, où les emprunts sont placés dans le pays d'émission mais aussi à l'étranger, les appels au marché ont plus que doublé depuis le début de l'année, pour atteindre 95 milliards de francs, dépassant le montant total levé en 1995 (62,6 milliards de francs). Pourquoi un tel engouement pour le franc et l'eurofranc ? « Les emprunteurs étrangers savent qu'ils pourront facilement et durablement placer leur papier auprès d'investisseurs finaux », explique Sean Park, responsable de la syndication francs à la Banque Paribas. « Contrairement à l'Allemagne, par exemple, en France, la demande est très forte sur le compartiment dix-douze ans, principalement en raison de la transformation de l'épargne », poursuit-il. En effet, alors que l'on parlait de la baisse des taux depuis trois ans, les français, dont le niveau d'épargne reste élevé, ont réagi avec un peu de retard par rapport à leur voisins. Mais, depuis le début de cette année, encouragés par la baisse du taux du livret A et les performances moindres des Sicav monétaires, ils s'en sont dégagés pour se reporter sur des produits d'épargne à long terme. Pas de risque sur le change Résultat : les émetteurs étrangers ont profité des liquidités collectées par les grandes gestions et les assurances vie françaises. Les fonds recueillis par les assureurs vie ont ainsi augmenté de 30 % au premier trimestre par rapport aux trois premiers mois de 1995. Du côté des grands investisseurs, après les déboires du Crédit Foncier, les gestions ont accueilli favorablement la possibilité de diversifier les signatures qu'elles avaient en portefeuille. Quant au risque de change sur le franc, les emprunteurs étrangers n'en font pas cas, puisque, de toute façon, ils échangent leurs émissions après qu'elles soient sorties, pour revenir dans leur devise nationale. Parmi les emprunteurs étrangers, de nombreuses banques allemandes, des sociétés américaines comme Ford, McDonald's et General Electric, la japonaise Toyota, le suédois Volvo, le britannique Guinness, ainsi que la Suède et le Portugal, ont lancé avec succès des émissions en eurofranc cette année. Cette activité semble devoir se poursuivre. La province de l'Ontario vient de lancer un emprunt euro-obligataire de 3 milliards de francs et les spécialistes attendent pour les mois qui viennent des émissions en eurofranc de l'Espagne, du Maroc, voire de l'Italie. Sur le marché domestique, la SNCF, les Charbonnages de France et la RATP devraient se manifester bientôt. L. J.-B., avec l'AFP
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