La Bundesbank poursuit sa politique de détente

Comme elle l'avait laissé entendre aux marchés mardi, la Bundesbank a laissé refluer son taux de prises en pension hier de quelques centièmes. Ainsi, le Repo, troisième taux directeur de la banque centrale allemande, fixé à 3,75 % depuis trois semaines, est passé à 3,73 %. Et les professionnels s'attendent maintenant à ce que la détente suive ce rythme - quelques centièmes - pendant plusieurs semaines, jusqu'à ce que le taux des pensions atteigne 3,50 %. Une fois que la Bundesbank aura utilisé cette marge de manoeuvre, certains experts estiment qu'elle pourrait alors abaisser son taux d'escompte, fixé à 3 % depuis le 15 décembre dernier. Certains membres de la Buba l'ont déjà laissé entendre mardi, après la publication d'un chiffre de chômage jugé calamiteux (9,9 % en décembre contre 9,3 % en novembre). Et les « colombes » au sein du Conseil de la Buba, qui prônent une politique monétaire accommodante, ont même été rejoints par des « durs » pour promouvoir une éventuelle détente des taux. Signe, sans doute, que la banque centrale commence à sérieusement s'inquiéter sur l'état de l'économie outre-Rhin. « Les taux d'intérêt réels sont encore assez élevés », a déclaré Hans-Juergen Krupp, un membre de la Buba. Toutefois, souligne Roland Calvo, économiste à la Commerz Financial Products à Francfort, « si la Buba peut effectivement encore abaisser son taux d'escompte d'un demi-point par exemple cette année, sa marge de manoeuvre est relativement éduite. L'écart entre les taux à trois mois et l'inflation se situe actuellement à environ 2,2 %. Or les taux réels ne se sont établis en dessous de 1,8 % (en 1983) qu'une seule fois depuis les vingt dernières années (en excluant la période de la crise pétrolière, de 1974 à 1979 ) » . La Buba, si elle souhaite poursuivre le mouvement de détente, devra alors réviser sa politique monétaire, ou « espérer » une nouvelle baisse de l'inflation (signe par ailleurs d'un nouveau ralentissement de la demande...). En fait, pensent les « Buba watchers », les autorités monétaires allemandes espèrent sans doute voir la lumière au bout du tunnel cet été, quand l'impact positif des diverses baisses de taux réalisées au cours de l'année 1995 se sera diffusé sur l'économie. Le taux « repo » s'est ainsi détendu de 125 points de base durant l'année passée. Les marchés, eux, anticipent surtout pour l'instant la première partie du scénario, celle de la détente des taux d'intérêt. Les contrats à terme sur Bunds ont touché un nouveau plus haut hier. A Paris, le contrat notionnel a terminé sur une hausse de 26 centièmes, à 121,12, après un nouveau plus haut à 121,28. Le rendement de l'OAT s'est affiché à 6,59 % contre 6,61 % la veille, celui du bund à 5,94 % (contre 5,95 %). Le Pibor échéance mars a terminé sur un gain de 11 centièmes, à 95,06. La Banque de France a piloté une détente d'un seizième du loyer de l'argent au jour le jour, à 4 1/2-4 5/8 %. Le franc est resté stable, à 3,4265 francs pour un mark. Et maintenant que la voie de la baisse des taux a été ouverte par l'Allemagne, les opérateurs attendent un geste, peut-être dès aujourd'hui, de la Banque de France. La Banque de Belgique a, quant à elle, réduit ses deux taux directeurs de 5 points de base hier. Lysiane J. BAUDU
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