Le dollar continue à faire de la résistance à la hausse

Si ce n'était l'impasse budgétaire dans laquelle s'enlisent les Etats-Unis, le dollar aurait eu toutes les raisons de s'appré- cier hier. Et pourtant, il a une nouvelle fois fait de la résistance à la hausse, se contentant d'une incursion temporaire jusqu'à 1,4465 deutsche mark, soit 4,9540 francs français et 105,30 yens, plus d'un pfennig et d'un yen en deçà des niveaux atteints jeudi dernier, qui avaient déclenché des anticipations de reprise plus soutenue. Pourtant mardi, les facteurs défavorables à la monnaie allemande ont été légion : entre la prévision de croissance limitée à 1 % en 1996 faite par l'institut DIW et la hausse du chômage à près de 10 % de la population active, il y avait de quoi faire perdre son sang-froid à plus d'un opérateur sur le deutsche mark. La veille, il aurait déjà dû trouver dans la nouvelle réduction de l'excédent des comptes courants japonais une raison de renouer avec les points hauts de vingt-deux mois touchés quelques jours auparavant face au yen, sans y parvenir non plus. Si les opérateurs ont donné le temps de quelques séances l'illusion que leur aversion au risque s'était un peu diluée à l'aube de 1996, force est de constater qu'ils font à nouveau preuve d'une extrême prudence, ne laissant même pas le billet vert profiter des facteurs cycliques qui font qu'il monte traditionnellement en début d'année. Il n'empêche qu'à moyen terme, surtout si le conflit budgétaire américain trouve une issue, les ingrédients favorables au dollar restent intacts. D'abord, les « fondamentaux » sont plus positifs pour le billet vert que pour le mark ou le yen. Contrastant avec le refroidissement économique qui souffle sur l'Europe et la reprise qui tarde à venir au Japon, l'économie de l'oncle Sam est sur la voie d'une croissance non-inflationniste de l'ordre de 2,5 %, sur fond d'amélioration de la balance commerciale et de poursuite d'une politique monétaire relativement restrictive de la part de la Réserve fédérale. Malgré les deux détentes consenties depuis juillet, qui ont permis de ramener de 6 % à 5,5 % l'objectif des fonds fédéraux, le dollar bénéficie d'un différentiel de taux à court terme de 175 points de base sur le deutsche mark. En outre, la conjoncture économique milite pour des baisses de taux plus agressives en 1996 outre-Rhin qu'outre-Atlantique, tandis que le yen risque de rester pour longtemps la monnaie dont les rendements à court terme sont les moins attractifs, avec un taux d'escompte à son plus bas niveau historique de 0,5 %. L'Allemagne a aussi des raisons structurelles de réduire le loyer de l'argent plus rapidement et plus durablement que la Fed : la surévaluation du deutsche mark par rapport au dollar et aux monnaies européennes est telle qu'elle exerce désormais une action dépressive sur l'économie d'outre-Rhin, qui risquent de se prolonger bien au-delà de 1996, estiment les experts de Merrill Lynch. Une raison de plus pour redonner ses chances au dollar. Isabelle Croizard
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