Le franc continue de se renforcer face au mark

L'année 1996 risque d'être une année clé pour le marché français, mais dire qu'elle sera bonne, c'est un peu trop s'avancer », commente un économiste londonien, qui préfère rester prudent - et anonyme. Les professionnels, devant les incertitudes politiques et économiques qui prévalaient en 1995, avaient tablé sur une débandade du franc. Certes, la monnaie française a subi quelques attaques, qui ont forcé la Banque de France à resserrer son dispositif pour le protéger. Mais le franc a tenu. Hier, il s'est même affiché brièvement en dessous de 3,41 francs pour un mark, pour finir à 3,4135 en Europe, contre 3,4235 vendredi dernier. « Le marché ne devrait pas retrouver les mêmes conditions qu'en 1995 : la lisibilité est meilleure sur la politique monétaire ; de même la politique économique et budgétaire est plus claire », commente un spécialiste. Les experts paraissent en tout cas formels : la Banque de France va continuer de baisser ses taux cette année. Certains envisagent d'ici le printemps une réduction d'un demi-point du taux d'appel d'offres, actuellement situé à 4,45 %. Selon certains économistes, l'objectif de la Banque de France est sans doute de retrouver l'écart de taux qui prévalait en 1994 (avant les crises de 1995) : autrement dit un différentiel de l'ordre de 15 points de base entre le taux de Repo (prise en pension) allemand et l'appel d'offres français. Or, actuellement, le Repo a été fixé le 15 décembre dernier et pour trois semaines à 3,75 %. La France a donc une marge de manoeuvre appréciable, d'autant que ls professionnels estiment que la Bundesbank pourrait - sans que cela soit dès, jeudi lors de son prochain conseil -, elle aussi, poursuivre le mouvement de détente de ses taux initié le 15 décembre. Elle avait alors ramené à cette date le taux Lombard à 5 % et l'escompte à 3 %. « A chaque fois que la Buba a baissé ses taux, les opérateurs ont estimé que c'était "la der des der". Compte tenu de l'état de la croissance allemande, elle peut encore baisser ses taux au printemps », estime un « Buba watcher ». L'Allemagne pourrait toutefois suspendre son mouvement de détente, si son économie repart, mettant dans l'embarras la Banque de France. « L'un des moments clé pour le franc interviendra au moment où un décalage de croissance apparaîtra avec l'Allemagne, qui connaîtra une reprise plus forte et plus rapide que la France », explique ainsi David Naudé, l'économiste France chez JP Morgan à Paris. Autre conséquence du risque de faible reprise en France : l'objectif de réduction du déficit, fondé sur une croissance de 2,8 %, selon le gouvernement, sera clairement irréalisable. « Le gouvernement devra prendre des mesures fiscales complémentaires pour essayer d'atteindre le critère (3 % du déficit sur PIB) de Maastricht », redoute un autre économiste. Et il devra le faire vite, avant que les doutes concernant la participation de la France à la monnaie unique ne s'emparent des marchés. Bref, comme le conclut David Naudé, il reste d'être « difficile d'éviter une crise sur le franc, qui devrait passer de 3,41-3,43 francs pour un mark au premier trimestre à 3,53 entre le troisième et le quatrième trimestre 1996 ». Lysiane J. BAUDU
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