Sombres prévisions pour les métaux de base

Par latribune.fr  |   |  494  mots
A l'aube de l'année 1996, les métaux de base semblent sur le point de sombrer dans les affres de la dépression, au risque de retourner prestement leur veste en cours d'année, au nez et à la barbe des conjoncturistes. Les prévisions de cours, reflétant le net repli de l'activité industrielle mondiale en 1995, anticipent un prolongement de la tendance baissière en 1996. Il y a exactement un an, l'excès inverse prévalait : euphorisés par le spectaculaire rebond de 1994, beaucoup d'économistes prévoyaient une hausse de la demande et des prix... qui s'est évanouie en cours d'année. Certains se demandent aujourd'hui si ce n'est pas le scénario de 1994 qui risque de se dérouler en 1996 : alors que les marchés, notamment les investisseurs financiers, tablent sur le ralentissement de la demande, les industriels pourraient se remettre rapidement à restocker en cours d'année. Pour l'heure, tous les métaux sont affectés par les dégagements des fonds d'investissement spéculatifs. Le cuivre est tombé hier à son niveau le plus bas depuis quatorze mois, à 2.590 dollars la tonne. Peter Graham, l'analyste australien de Bell Commodities, voit tomber les cours à 2.400 dollars d'ici à la mi-1996, notamment en raison de l'augmentation de l'offre mondiale, particulièrement au Chili, où les cadences d'extraction du métal rouge, dans d'immenses mines à ciel ouvert, se sont accélérées. Pour le spécialiste londonien Angus McMillan, de Billiton Metals, le repli du cuivre illustre « la perception grandissante que le marché évolue rapidement vers un excédent de la production ». Il prévoit une hausse de la production de 7,3 % en 1996 dans les pays occidentaux, contre une croissance de 6,6 % l'an passé. La construction est l'un des premiers débouchés pour le métal avec les fils électriques et les conduites d'eau. Parallèlement, le marché s'est montré sensible aux révisions à la baisse des pronostics de croissance pour l'Europe en 1996, laissant entrevoir des carnets de commandes plus réduits pour cette région. Au total, les experts se montrent de plus en plus pessimistes pour ce marché. L'excédent mondial pourrait même dépasser les 350.000 tonnes pour 1996 et 1997, estime Billiton Metals. Chez Bell Commodities, on prévoit une baisse parallèle de l'aluminium, à 1.600 dollars la tonne (contre 1.692 aujourd'hui et 1.950 dollars au mois d'août 1995). Le nickel tomberait à 6.000 ou 6.500 dollars la tonne, contre 7.490 aujourd'hui, avec toutefois un biais moins négatif si le cuivre résiste mieux. Le métal rouge sert souvent de baromètre pour les matières premières cycliques, mais il est soumis actuellement à des phénomènes spéculatifs dus à la mort progressive du contrat cuivre sur le Comex, le marché new-yorkais, qui n'a plus les épaules suffisamment larges pour résister au très efficace LME londonien. A la fin de l'année dernière, les stocks de cuivre au Comex n'étaient plus même suffisants pour couvrir la position ouverte sur le marché à terme. Nicolas Thiéry