Le chômage allemand relance la baisse des taux longs

Acheter le chômage allemand dans la matinée pour vendre le déficit budgétaire américain dans l'après-midi ? Très peu pour moi, mais d'autres font ça avec talent », s'amuse ce stratégiste boursier, qui a préféré rester à l'écart de la journée trépidante d'hier, ponctuée par le repli de Wall Street et le très attendu chiffre du taux de chômage en Allemagne en décembre (9,9 % contre 9,3 % en novembre). Les investisseurs ont noté que le nombre de demandeurs augmentait même dans l'est du pays et préféré accroître leur préférence pour les obligations allemandes, selon l'équation classique : plus de chômage signifie une désinflation encore plus forte, et peut-être une nouvelle baisse des taux de la Bundesbank. « Nous attendons encore plusieurs salves de détente monétaire en Allemagne », indique Roger Monson, le directeur de la stratégie d'investissement en actions chez Daiwa Securities (l'une des quatre maisons de titres japonaises, distincte de la banque Daiwa). « Ce qui n'empêchera pas les Bourses européennes d'être refroidies par des bénéfices inférieurs aux prévisions pour beaucoup de vedettes du marché , ajoute-t-il. Au cours du premier semestre, il faudra rester investi sur les valeurs défensives : biens de consommation, distribution, et pharmacie. » Il conseille également les pays les moins risqués sur le plan politique : Pays-Bas, Allemagne et Suisse. « Au deuxième semestre, les cycliques et les autres pays auront plutôt ma faveur. » La France reste incertaine pour beaucoup d'investisseurs étrangers : « Le franc risque d'être soumis à de nouvelles attaques spéculatives et de flirter avec les 3,70 marks à l'automne prochain, ce qui ne veut pas dire qu'il est surévalué (contre le mark) », estime Julian Jessop, le stratégiste de la Hong Kong and Shanghai Bank, dans sa dernière étude, datée du 3 janvier, qui prévoit un « réaménagement général du SME qui donnerait à la Banque de France l'opportunité de rattraper la Bundesbank. Le marché obligataire regagnerait le terrain perdu. Mais les perspectives à plus à court terme sont grises ». Au moment de la dernière détente monétaire américaine, les investisseurs s'étaient repositionnés sur les obligations européennes (La Tribune du 21 décembre 1995). La baisse des taux longs risque toutefois d'arriver à son terme, en l'absence de concrétisation des anticipations de baisse des taux courts. L'autre moteur des Bourses, la hausse des profits, est en panne. En France, Rhône-Poulenc et Akzo ont révisé hier leurs prévisions. Les analystes font remarquer que la récession n'est plus forcément synonyme de restructuration en Europe, surtout dans les secteurs qui en ont le plus besoin (finance, services et secteur parapublic). La décision prise hier par Morgan Stanley d'augmenter la part de Francfort dans son portefeuille boursier a certes permis à l'indice DAX de battre son troisième record de l'année 1996, mais beaucoup d'investisseurs répugnent à prendre trop de risques au moment où le taux de chômage, outre-Rhin, est au plus haut de son histoire. Nicolas Thiéry (Lire également Voir Evenement)
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