Hôtellerie : Forte fait pièce à l'OPA de Granada

En offrant une batterie d'avantages confortables à ses actionnaires, le patron de Forte, leader de l'hôtellerie britannique, vient d'abattre une nouvelle carte maîtresse, pour tenter d'échapper à l'OPA lancée le 22 novembre dernier par le groupe Granada. Non seulement sir Rocco Forte n'a pas négligé les délicatesses d'usage (hausse de 20 % des dividendes pendant trois ans et rachat d'actions), mais il a aussi mis les petits plats dans les grands. Il a annoncé dans la même journée un rehaussement à 25,6 milliards de francs (+ 11 %) de la valeur comptable du patrimoine immobilier de Forte, ainsi que l'accélération du plan de relance de l'enseigne Méridien. Il ne manque même pas la cerise sur le gâteau : le spin-off du Savoy, l'un des plus brillants hôtels de Londres. Forte fait ainsi cadeau à ses actionnaires des parts qu'il détient dans sa prestigieuse filiale. S'ils le souhaitent, ces derniers pourront s'en débarrasser en Bourse de Londres, où 32 % du capital du Savoy est déjà coté. Finalisée dans les règles de l'art, l'opération valorisera à 1,53 milliard de francs les 68 % du capital du Savoy actuellement détenus par Forte. Elle revient à offrir « du Savoy » pour 23 pence à tout porteur d'une action Forte. Bien qu'amputé ainsi d'une petite portion de son empire, le groupe Forte a fait forte impression en Bourse de Londres hier, où son action a terminé la séance à 342 pence, en hausse de 11,5 pence (+ 3,3 %). Les investisseurs ont salué cette avalanche de gentillesse, mais sans perdre la tête. Car la valeur de Granada a chuté après l'annonce de cette OPA à grand frais. Son offre, sous forme d'un panachage de cash et d'actions Granada, ne vaut plus que 338 pence pour une action Forte... Le jeu reste ouvert. Un « prospectus pour la création d'une nouvelle société » Le nouveau scénario qui prend corps, timidement, est celui d'un rejet de l'OPA par les actionnaires de Forte, finalement heureux de voir que le patron de leur société a pris de bonnes résolutions. Sir Rocco Forte propose à ses actionnaires « le prospectus pour la création d'une nouvelle société, bien plus qu'une stratégie de défense contre l'OPA de Granada », résumait hier Paul Slateery, l'analyste hôtelier chez Kleinwort Benson. La Bourse est aussi satisfaite des précisions de Forte sur le sort réservé à Méridien, racheté à prix d'or au groupe Air France à la fin de l'année 1994, au nez et à la barbe du groupe Accor, avec un parc de seulement 50 hôtels. Chez Forte, on expliquait hier que le parc du Méridien comptera 135 hôtels d'ici trois ans. Le groupe négocie avec des propriétaires d'hôtels indépendants, qui souhaitent confier leur gestion aux équipes formées par le Méridien et utiliser l'enseigne, ainsi mieux valorisée, selon le bon vieux principe des économies d'échelle. Forte a enfin annoncé hier le rachat en Bourse de 20 % de ses propres actions, à un prix qui devra être compris entre 330 pence et 400 pence, procédure qui entretiendra une demande structurelle pour le titre, et donc son appréciation. Nicolas Thiéry, avec Bloomberg
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