Wall Street redoute une reprise de l'inflation

LA TENDANCE est-elle en train de s'inverser à Wall Street ? Le Dow Jones, qui a gagné 10,5 % au premier semestre, affiche une baisse de 1,9 % depuis le début du mois de juillet. Sur le Standard and Poor's des 500 valeurs, le mouvement est plus marqué puisque cet indice, qui donne une vision plus élargie du marché américain, a perdu 3 % au cours des dix derniers jours. « C'est la fin du marché haussier », décrète Michael Metz, analyste à la maison de courtage Oppenheimer, citant pêle-mêle la résurgence à court terme de tensions inflationnistes, la perspective d'un durcissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale et la remontée des taux. Le fait est que, depuis l'annonce le vendredi 5 juillet d'un taux de chômage américain au plus bas depuis six ans, le marché a complètement changé de psychologie. Il apparaît maintenant acquis que la croissance américaine est plus forte que prévu et qu'elle pourrait générer une hausse des prix, d'ailleurs déjà constatée sur des matières premières comme le pétrole ou les céréales. Même la Fed l'admet, puisqu'un rapport interne de la banque centrale américaine indique qu'elle peut s'autoriser une légère hausse de l'inflation. Dès lors, tous les schémas stratégiques basés sur des anticipations de baisse des taux, qui avaient contribué à la hausse du marché depuis le début de l'année, se retrouvent pris à contre-pied et les opérateurs se repenchent sur l'analyse des résultats des entreprises. Et là, les mauvaises surprises viennent souvent corriger les effets des annonces de bénéfices dépassant les estimations des cabinets d'analyses. C'est pourquoi les actions américaines vivent actuellement sous le régime de la douche écossaise. Ainsi, mardi, Wall Street applaudissait les résultats meilleurs que prévu du fabricant de chaussure de sport Nike et du papetier International Paper. Mais hier, le marché repartait à la baisse pendant pratiquement toute la séance, à la suite de l'annonce d'un recul de 32 % du bénéfice net trimestriel du géant de l'électronique Motorola. Toutefois, en fin de séance, une vague d'achats déclenchée par les ordinateurs, a poussé les indices à la hausse. le Dow Jones a clôturé en hausse de 0, 39 % à 5.603,65 points et le Standard and Poor's a gagné 0,20 % à 656,06 points. reste que le Nasdaq a terminé en repli de 1,27 % à 1.138 points. Les déceptions sur les secteurs électronique et informatique pourraient d'ailleurs constituer l'élément majeur d'une correction à Wall Street. Car l'optimisme lié à une explosion des ventes d'ordinateurs et aux profits mirifiques des fabricants de semi-conducteurs commence à être sérieusement entamé. IBM et Hewlett-Packard ont déjà prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des miracles sur leurs bénéfices et les responsables de Motorola ont enfoncé le clou, hier, en annonçant que le chiffre d'affaires de l'industrie des puces électroniques baisserait de 10 % en 1996. PIERRICK PÉDEL
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