A la City, la mode est aux actions remboursables

L'Allemagne a son action T, comme Deutsche Telekom. Le Royau- me-Uni a ses actions B, comme Bonus shares. La place financière de Londres n'a d'yeux que pour ces actions spéciales, qui permettent à leurs porteurs de recevoir du cash dans les meilleures conditions fiscales possibles. A l'heure où le gouvernement travailliste supprime les crédits d'impôts sur les dividendes, le porteur d'actions B dispose lui d'une exonération totale. La transaction est, en effet, assimilée à une simple opération en capital. La société EMI, multinationale de l'édition musicale, vient par exemple d'émettre des actions B lui permettant d'éponger son excès de trésorerie en le reversant à ses actionnaires. C'est environ 10 % de la capitalisation du groupe, soit 499 millions de livres sterling (environ 5 milliards de francs) qui leur sont proposés. Chaque actionnaire recevra, en cadeau, le 18 juillet, une action B pour chaque action détenue. Il aura ensuite le droit de se faire rembourser cette action B, au prix de 114,5 pence (l'action normale se négociait hier sur le marché à 1.122 pence, soit environ dix fois plus). L'actionnaire peut aussi choisir de conserver son action B, rémunérée chaque année par un dividende égal à 76 % du LIBOR (London Interbank Offer Rate). La société Yorkshire Water, qui a précédé EMI sur cette voie, a vu 95 % de ses actionnaires opter pour le remboursement en cash, seuls 5 % conservant leurs actions B. Les sociétés Caradon, Wassal et Thorn, ont également émis des actions B cette année, tandis que GrandMet et Guiness prévoyaient de s'en servir pour reverser l'équivalent de 24 milliards de francs après une fusion qui semble aujourd'hui remise en question. Le « must ». L'action B ressemble comme une soeur à ce que propose en France le sénateur Philippe Marini, soit des actions à bons de remboursement d'actions qui constitueraient, en cas d'augmentation de capital, une garantie pour l'actionnaire. Selon Max Ziff, directeur exécutif chez SBC Warburg, et maître d'oeuvre de l'action B au Royaume-Uni, quatre nouvelles sociétés sont prêtes à émettre des actions B. Pour lui, cette technique est devenue le « must » de toutes les entreprises qui souhaitent à la fois éponger leur excès de trésorerie et offrir à leurs actionnaires des avantages fiscaux. Il est vrai aussi qu'elle a le vent en poupe depuis que le parti conservateur a lui-même réduit les crédits d'impôts sur les dividendes pour les fonds de pension, en novembre, précédant les mesures prises mercredi par les travaillistes. Nicolas Thiéry
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