Le Stock Exchange congédie son directeur général

Par latribune.fr  |   |  481  mots
Au suivant ! Le conseil d'administration de la Bourse de Londres a décidé hier le renvoi de son directeur général, Michael Lawrence, remercié sans ména- gement pour avoir « perdu la confiance » des membres du board du London Stock Exchange. Une décision qui a manifestement surpris la City, et qui n'est pas sans rappeler la brutalité avec laquelle Peter Rawlins, le précédent directeur général, avait quitté ses fonctions en mars 1993. Agé de cinquante-deux ans, auparavant directeur financier de Prudential, la plus grande compagnie britannique d'assurance vie, Michael Lawrence a donc perdu de manière éclatante son pari de modernisation du marché des actions londoniens, moins de deux ans après sa nomination, en février 1994. Contestée par un grand nombre d'entreprises cotées comme par les patrons de la Bourse, sa position était devenue « intenable », insistait-on hier au Stock Exchange. Mais on y ajoutait aussitôt que le départ de Michael Lawrence « n'implique aucun changement de la politique de la Bourse de Londres » qui demeurera « le marché du choix ». Il reste qu'un retour à la sérénité s'impose, après plusieurs mois difficiles pour la première capitalisation boursière d'Europe. Première source d'inquiétude : l'apparition, à l'automne dernier, de services électroniques proposant une cotation « tirée par les ordres » (order driven system), par opposition au système « tiré par les prix » (quote driven system) privilégié par la Bourse de Londres. La directive sur les services d'investissement Tradepoint, lancé en septembre et considéré comme le principal concurrent du London Stock Exchange, a connu des débuts timides. Michael Lawrence s'est pourtant laissé convaincre de la nécessité de mettre au point un système abandonnant progressivement la cotation par les prix. L'opposition d'une grande partie de la City à cette stratégie n'est sans doute pas étrangère à son départ. Le second problème est plus grave encore : en libérant la concurrence entre les places boursières, la nouvelle directive européenne sur les services d'investissement menace la quasi-hégémonie que détenait le système SEAQ International de Londres sur les transactions sur les actions européennes. Salomon Brothers vient déjà d'annoncer son retrait du système, et d'autres pourraient suivre. En attendant la nomination d'un nouveau directeur général, c'est John Kemp-Welch, le président du Stock Exchange, qui prend lui-même la direction du comité exécutif. Autre nomination remarquée : celle de Ian Plenderleith, l'un des hauts responsables de la Banque d'Angleterre, qui ajoute à ses fonctions d'administrateur de la Bourse celle de vice-président. « Il s'agit simplement d'aider M. Kemp-Welch, à sa demande, en attendant qu'il trouve un directeur général », explique un porte-parole de la Banque d'Angleterre. Mais certains y voient le signe que la Bourse est de plus en plus sous le contrôle de la banque centrale. THIERRY ARNAUD