Turbulences sur le café du Brésil

La nervosité gagne le marché du café. Les quinze jours qui viennent s'annoncent périlleux pour bon nombre d'opérateurs sur le marché du café. La raison de cette brusque montée d'adrénaline tient au risque qui plane sur la production du numéro un mondial de l'arabica, le Brésil. Alors que l'hiver austral bat son plein, de grandes masses d'air glacial remontent de l'Antarctique et depuis quelques jours lèchent les zones de production caféières du Brésil. Cette remontée d'air polaire est habituelle. La première quinzaine de juillet passe pour être la période de l'année la plus fraîche au Brésil. Mais, le négoce a en mémoire la gelée catastrophique de l'été 1994. Elle avait fait passer la récolte brésilienne d'arabica d'une prévision de 28 millions de sacs (1 sac=60 kilos) à une réalité de 16,8 millions de sacs, une fois le gel survenu. Cette fois, la configuration des masses d'air froid fait redouter le pire dans la principale zone de production caféière, l'État du Parana. L'alerte est d'autant plus vive que tous les instituts spécialisés, dans les prévisions météorologiques, confirment le risque de gelées au Brésil. Sur le marché à terme de l'arabica, à New York, l'ensemble des positions couvrant la prochaine récolte - celle qui débute en septembre - s'est inscrit en hausse. Ainsi, le juillet s'est-il apprécié de 2,45 cents à 126, 95 cents la livre. Et, sur la semaine, la hausse atteint 6 % . Se couvrir via les options Cependant, l'essentiel de l'activité des opérateurs ne se manifeste pas sur les contrats à terme : elle se concentre sur les options où les transactions « explosent » pour reprendre l'expression d'un trader. Cette stratégie apparaît être la moins risquée et surtout la moins coûteuse dans les circonstances actuelles. Les opérateurs doivent se prémunir contre un risque qui en 1994 avait induit une hausse du café de plus de 70 % . En se couvrant via les options, « le négoce adopte une position de prudence. Au pire, si le temps reste clément, il abandonnera le coût de la prime des options achetées pour se protéger. Au mieux, si le gel survient, il disposera d'un instrument qui lui permettra d'acquérir, via le marché à terme, des contrats et sécuriser ses approvisionnements », rappelle un négociant. Cependant, cette stratégie n'est pas sans risque. D'une part, les « market makers » qui gèrent les positions d'options devront acheter des contrats à terme sur le marché pour se couvrir in fine et une spirale à la hausse peut s'enclencher. D'autre part, elle pèche par son manque de généralisation à l'ensemble de la filière. En effet, si le négoce et les fonds se protègent contre le gel, l'industrie - la torréfaction - reste insensible à ce risque. En d'autres termes, les industriels forts de l'expérience de l'été 1994 estiment que l'envol des prix, s'il entraîne un recul de la consommation, n'est pas dissuasif pour une majorité de consommateurs. Cette analyse explique leur peu d'empressement à recourir aux options pour se couvrir d'un risque qu'ils estiment ne pas les concerner. Guy-André Kieffer
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