« La Fed est favorable à la hausse des taux longs »

« La Tribune ». - Que va faire la Réserve fédérale américaine ? Antoine Brunet. - La Fed va relever d'un quart de point l'objectif des fonds fédéraux le 20 août (ndlr : date de la prochaine réunion de son comité directeur). Elle n'agira pas avant, car cela apparaîtrait comme un geste trop brutal. Si elle n'a rien fait le 3 juillet, à l'issue de la dernière réunion du FOMC, c'est pour prendre le temps de préparer l'opinion publique américaine. La hausse des salaires horaires constatée vendredi et la perspec- tive d'une progression de 4 % du PIB des Etats-Unis au deuxième trimestre vont lui permettre de justifier un mouvement de hausse des taux. Mais elle n'est pas dans un contexte de comportement agressif. Considérant qu'elle peut relever ses taux de façon préventive, elle avait besoin de plus d'arguments que ceux dont elle disposait lors de son précédent conseil. La Réserve fédérale devrait poursuivre la hausse des fed funds au-delà du 20 août, avec une nouvelle remontée prévisible de 0,25 % après l'élection présidentielle. Quel en sera l'impact sur les taux à long terme ? Contrairement à une idée répandue, la hausse des taux courts n'est pas une réponse à la hausse des taux longs. Le relèvement des taux à court terme aura pour objectif de faire monter les taux longs du même montant ou d'un montant voisin (20 points de base pour une hausse des fonds fédéraux de 25 points). Les taux à dix ans passeront donc d'environ 7,05 % à 7,25 %. C'est ce que souhaite la Réserve fédérale pour obtenir le ralentissement recherché dans le secteur du logement. Contrairement à ce qui s'est passé en 1994, les prix des logements sont clairement orientés à la hausse. D'où un appétit nettement moindre de la part des consommateurs, devenus plus résistants à l'achat de logements. Y aura-t-il un effet dollar ? Je reste haussier sur le dollar. Il a réussi à s'apprécier vendredi, les anticipations de hausse des taux courts l'emportant sur la dérive du marché obligataire. La Fed est prête à encourager la montée du dollar pour favoriser la hausse des rendements longs et refroidir l'économie. C'est un objectif en contradiction avec celui du gouvernement qui ne souhaite ni que la conjoncture ralentisse ni que les taux longs montent. La reprise du dollar sera cependant modérée. On devrait le retrouver à 1,58 deutsche mark et 115 yens d'ici à la fin de l'année. Mais au-delà les choses pourraient changer, car son évolution est actuellement un peu électoraliste. Si l'économie américaine se ralentit, on pourrait assister à la fin de la hausse du dollar suivie d'une période de nouvel affaiblissement du billet vert. PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE CROIZARD
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