TOKYO + Fidelity parie sur une reprise du marché japonais

Fidelity croit à un rebond de la Bourse de Tokyo. Depuis le début de l'année, celle-ci est en effet largement à la traîne de la hausse des grandes places mondiales. L'indice Nikkei n'a progressé que de 6 %, contre environ 19 % pour le Dow Jones de New York. « La reprise économique japonaise est sur les rails. Les entreprises brillantes en bénéficieront. Il est opportun d'accorder à Tokyo une part significative des portefeuilles d'actions, probablement supérieure de 3 % à son poids dans la capitalisation boursière mondiale », note John Ross, spécialiste de l'allocation d'actifs chez Fidelity, plus grande société d'investissement des Etats-Unis (569 milliards de dollars sous gestion - 3.300 milliards de francs -, dont 32 pour la branche non américaine). Grand spécialiste du stock-picking, autrement dit d'une patiente sélection des entreprises capables de faire la différence sur le long terme, Fidelity reconnaît que le marché japonais recèle aussi bien des sociétés bousculées par les restructurations que des petits bijoux technologiques, prêts pour le troisième millénaire. Pour dénicher les meilleurs placements, il table donc sur le renforcement de ses équipes sur le sol nippon, « fortes de 15 analystes et 7 gérants de fonds ». Préférence pour les actions. « Nos contacts avec les entreprises japonaises, environ 4.000 par an, nous ont souvent conduits à des estimations de bénéfices dépassant largement les prévisions générales », indique John Ross. Chez Fidelity, on juge donc que Tokyo est parfois moins chère que New York : « Fuji est plus intéressante que Kodak, Hitachi plus attractive qu'IBM, Yamaouchi que Pfizer et Canon que Hewlett-Packard. » Quand au cycle économique nippon, il semble plus vert que celui des Etats-Unis. « Le gouverneur de la Banque du Japon a récemment affirmé que la banque centrale maintiendrait sa politique de taux d'intérêt bas (0,5 % actuellement) », note-t-on chez Fidelity à Londres, en remarquant que l'exceptionnelle modération des rendements japonais à 10 ans (2,60 %) encourage à préférer les actions. Fidelity Japon reste toutefois à l'écart des valeurs financières, encore affectées par les spéculations du passé. Les valeurs de consommation sont au contraire redécouvertes, et occupent respectivement 37 % et 21 % des deux portefeuilles japonais, gérés par Asako Kibe et Yoko Tilley, deux brillantes analystes financières récemment passées à la gestion de fonds. Parmi leurs élues, TDK (+ 54 % en Bourse depuis janvier), Canon (+ 47 %), ou Minolta (+ 24 %), qui ont profité de restructurations à la serpe. « Lors d'un récent sondage, 26 % des grandes entreprises japonaises affirmaient que leurs objectifs à moyen terme dépendaient d'une utilisation efficace du capital », note Fidelity, qui table sur l'émergence diffuse, dans l'archipel, du concept de valeur actionnariale. Le Herald Tribune a d'ailleurs fait état d'un nouveau phénomène au Japon, le Senbetsuka, ou Bourse à deux vitesses. Le fossé s'y creuse entre les gagnants et les perdants. Fidelity voit là une raison de plus pour faire du stock-picking la clef du succès sur ses terres de conquête asiatiques. Nicolas Thiéry, à Londres
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