Le contrat blé a quatre mois pour faire ses preuves

Le contrat blé débute aujourd'hui à Paris sur le Matif. Techniquement, ce nouveau contrat marchandise lancé par Matif SA se présente comme « un bon produit », reconnaît un céréalier, pourtant opposé à la création d'un contrat terme sur blé en France. Il porte sur un blé standard destiné à la meunerie avec des caractéristiques de taille (50 tonnes) correspondant à un wagon ou à une fraction de péniche. Les opérateurs restent prudents En outre, il est livrable dans les principaux ports céréaliers fluviaux français et du complexe Rhin-Moselle-Meuse pour l'Europe du Nord, de quoi répondre à l'attente des professionnels de la meunerie et du négoce. Pour autant, tout n'est pas gagné pour le succès de ce nouveau produit. « La fenêtre dont dispose le blé à Paris pour faire ses preuves est réduite », affirmait, à la veille de la première cotation, l'un des membres compensateurs. Explication : « Au niveau mondial, jamais les stocks n'ont été aussi bas et la demande appa- raît soutenue. Dans l'Europe communautaire, la situation n'est pas meilleure. En termes de calendrier, le lancement paraît opportun, ces conditions favorables ne vont pas durer éternellement. » En fait, la plupart des experts céréaliers européens s'attendent à une très nette baisse des cours dans quatre mois. Les récoltes dans l'hémisphère Nord auront partout été engrangées et, sauf gros accident climatique, la collecte aura été très bonne. Comme la tendance à la généralisation du stock zéro s'impose de plus en plus sur le marché céréalier, la filière va déverser ses excédents, ce qui pèsera immanquablement sur les cours. D'autant que les indications sur la récolte de l'hémisphère Sud se seront précisées. Pour l'instant, elles vont dans le sens d'une offre en nette amélioration. Dès décembre, poursuit cet important opérateur négociateur agréé sur le nouveau contrat du Matif, le marché disposera d'une idée relativement précise de la récolte 1997-1998 et donc de son prix. Or tous les indices vont dans le sens d'une extension des surfaces. En Europe, le cours du blé se rapprochera du cours d'intervention défini par la Commission de Bruxelles. « La tendance de fond revient donc à une volatilité réduite des cours du blé au niveau mondial sur cette campagne et la suivante », remarque un céréalier. Or comme le rappelle l'un des plus vifs opposants au contrat Matif, Henri de Benoist, président des Céréaliers de France, « un marché à terme ne peut fonctionner avec succès qu'avec une volatilité des cours telle que les entreprises ont besoin de se couvrir et que les détenteurs de capitaux disposent de marges de spéculation suffisantes ». Ces éléments expliquent la prudence de plusieurs opérateurs importants de la filière qui, tout en acceptant de jouer le jeu du marché à terme, s'interrogent sur la pertinence d'un contrat blé en Europe dans le contexte de la PAC. Guy-André Kieffer
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