L'Europe tente de résister aux tensions sur les taux américains

LES MARCHÉS obligataires européens résisteront-ils aux tensions sur les taux longs américains ? Les cycles économiques ne sont sans doute pas en phase puisque, d'un côté de l'Atlantique, la surchauffe menace alors que, de l'autre, les économies françaises et allemandes restent engluées dans la déprime. Le lien entre ces différents marchés reste toutefois bien réel. A y regarder de près, s'il y a bien corrélation (voir graphique), les récentes tensions américaines ne se sont pas entièrement répercutées sur l'Europe. Vendredi dernier, à Chicago, quand le contrat sur emprunts d'Etat à dix ans américain a dérapé de 200 centièmes, le contrat sur bunds allemands traité à Londres n'a perdu que 60 centièmes, et le notionnel à Paris n'a reculé que de 34 centièmes en séance. Et hier, alors que les rendements à trente ans continuaient à se tendre jusqu'à 7,23 %, le contrat bund tentait un rétablissement, et le notionnel se stabilisait sur des points bas de 121,28, pour remonter en transactions électroniques post-séance. « En fait, les tensions américaines ne font pas franchement baisser le marché obligataire européen, mais elles l'empêchent de remonter », constate Damien Jamet, économiste de marché à la Fimat. Selon lui, les opérateurs, en France comme en Allemagne, ont du mal à franchement anticiper des baisses de taux en Europe, alors qu'ils craignent une remontée des taux directeurs américains dès le 20 août, date du prochain conseil de la Réserve fédérale. Certes, une détente monétaire européenne semble encore nécessaire, même si la marge de manoeuvre, compte tenu du niveau historiquement bas des taux, est très limitée. Mais, dans le contexte actuel de tensions américaines, les marchés ont tendance à prendre au pied de la lettre les commentaires, pourtant habituels, de la Bundesbank. Hans Tietmeyer, le président de la Buba, n'a-t-il pas déclaré vendredi dernier qu'il ne voyait pas de raison de baisser les taux directeurs allemands ? D'autant qu'un relèvement des taux américains, qui devrait être synonyme d'une remontée du dollar face au mark grâce à une rémunération plus avantageuse pour le billet vert, pourrait permettre à la Bundesbank de faire l'économie d'une nouvelle détente sur ses taux. Et même si la Banque de France, elle, semble faire cavalier seul dans son mouvement de baisse de taux (elle a de nouveau abaissé de 0,05 % son taux d'appel d'offres la semaine dernière), le « marché français devrait rester vulnérable cet été », prédit un courtier parisien. « Les ressorts de la déconnexion entre la France et les Etats-Unis, à savoir les achats de clients finaux français, qui ont protégé le marché jusqu'à présent, se feront sans doute plus rares pendant les vacances, et avant une rentrée qui pourrait présager une fois de plus des problèmes sociaux et des incertitudes budgétaires », précise ce spécialiste. Et, en termes de rendement, les investisseurs internationaux n'ont pas, pour l'instant, particulièrement intérêt à se porter sur le marché obligataire européen. LYSIANE J. BAUDU
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