UE : une présidence italienne sur fond de détente obligataire

Les marchés financiers italiens ont fêté dans l'allégresse la nouvelle année 1996, placée sous le signe de la présidence italienne de la Communauté européenne pour le premier semestre. La lire s'est appréciée contre le mark, retrouvant ses niveaux du mois de septembre, tandis que les rendements à dix ans se sont détendus à 10,69 %, contre 10,85 % à la veille du nouvel an. La perspective d'un renouvellement de l'actuel gouvernement, avec le soutien d'un très large éventail politique a déclenché les achats des investisseurs étrangers. « L'impression qui se dégage est que nous allons peut-être assister à une extension de la présence de Lamberto Dini à la présidence du Conseil, ce qui est perçu de façon extrêmement positive par le marché », explique Norman Williams, le directeur des études économiques européennes de la BZW, à Londres. En choisissant de démissionner quelques jours avant que l'Italie ne prenne la présidence européenne, le Premier ministre « technique » de transition a ouvert la voie à sa reconduction avec un mandat clair : permettre à la péninsule de rattraper le train de l'Europe monétaire, après trois ans d'efforts de réduction du déficit budgétaire. « Dans les prochains jours, nous assisterons à un débat très large, menant à la formation d'une majorité entre la gauche et la droite, pour soutenir un nouveau gouvernement Dini, qui durerait six mois, ou même plus », explique Giovani Murolo, courtier chez Milla and Co à Milan. Lors de son discours du nouvel an, le président de la République, Luigi Scalfaro, a souligné les excellents résultats obtenus par Lamberto Dini au cours de ses onze mois passés à la présidence du Conseil, et appelé au dialogue entre les différentes formations politiques. Les investisseurs s'attendent également à une baisse des taux directeurs de la banque d'Italie, alors que le gouvernement Dini a régulièrement rappelé son projet de réintégrer l'Europe monétaire. En décembre, la banque d'Italie n'avait pas suivi le mouvement de baisse des taux, orchestré par la Bun- desbank, malgré l'appréciation constante de la lire contre le mark. Les échéances financières semblent d'autant plus vitales pour la péninsule que plus des trois quarts de son énorme dette publique (environ 110 % du PIB), sont refinancés par des emprunts à court terme, dont le taux d'intérêt reste aujourd'hui fixé à 9 % par la banque centrale (pour une inflation de 5,8 % en rythme annuel, et des taux à dix ans revenus à 10,69 %). Les taux réels à dix ans sont aujourd'hui plus bas en Italie qu'en Espagne, alors que la dette publique italienne représente le double de celle de l'Espagne. Cette particularité fait dire à bon nombre d'économistes de marché que le risque de voir les autorités tenter d'éliminer la dette publique par une relance de l'inflation est, pour aujourd'hui en tout cas, rayée de la carte de l'Europe du Sud. N. TH., avec Bloomberg
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