Vers un déluge de capitaux sur les marchés émergents

Après deux années de marasme provoquées par le relèvement des taux courts américains en février 1994 puis par la crise mexicaine, l'horizon des marchés émergents s'est éclairci. L'attitude de la Banque du Japon, qui a décidé de contrer la hausse du yen, est un des points clefs des mouvements de flux de capitaux qui détermineront l'allure de ces marchés. Leur potentiel de hausse reflète virtuellement le mécanisme qui a provoqué la hausse de Wall Street et du marché obligataire américain (plus de 30 %) l'année dernière. En effet, Wall Street bénéficié du changement d'attitude de la Ban-que du Japon (BoJ). Au lieu d'assister impassible à la hausse du yen qui menaçait les industries exportatrices japonaises, la BoJ a décidé de recycler les excédents commerciaux du pays en achetant des bons du Trésor américain. Ce flux de liquidités s'est traduit par une baisse des taux longs aux Etats-Unis : le rendement de l'emprunt de référence à trente ans est passé de 7,87 % à 5,95 %. Et les actions américaines ont inscrit plusieurs records (69 pour l'indice Dow Jones des trente valeurs industrielles). Comme le montrent les deux graphiques, le ménage à trois des flux de capitaux devrait sensiblement modifier son point ultime de recyclage. Au lieu de s'installer sur les actifs financiers américains, les dollars devraient se positionner sur les actifs financiers des marchés émergents. « Après la sécheresse, nous aurons un déluge de capitaux sur les marchés émergents », prévoit Michael Howell, un spécialiste de la banque ING Barings. Il envisage un montant de 50 milliards de dollars, dont la majorité (30 milliards) se placerait sur les marchés émergents d'Asie. Le solde se répartirait entre l'Amérique latine et les autres places (Europe de l'Est, Moyen-Orient, Afrique). Michael Howell estime que les investisseurs des pays industrialisés achèteront d'abord leur propre marché avant de se positionner sur les places exotiques. Enfin, si l'accroissement de la circulation des liquidités favorisera les actifs financiers, il devrait finir par stimuler l'activité économique au cours du second semestre 1996. Pascal Boulard
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.