L'année du nezumi - le rat dans l'astrologie chinoise, qui est symbole de vitalité et de prospérité -, qui commence le 19 février, s'annonce sous les meilleurs auspices au Japon. Après trois jours fériés pour la « semaine dorée », la Bourse de Tokyo a bondi de 3,8 % hier, propulsant l'indice Nikkei à 20.618 points, son plus haut niveau depuis seize mois. Le nezumi, qui ouvre un cycle de douze ans, étant historiquement favorable aux marchés financiers, nombre d'opérateurs pronostiquent d'ores et déjà une hausse du principal indice de la Bourse de Tokyo jusqu'à 25.000 d'ici à la fin de l'année, grâce aux espoirs de reprise de l'économie japonaise et à la détermination du gouvernement à résoudre la crise bancaire. La place de Tokyo a également - et peut-être surtout - salué la très forte reprise du dollar face au yen, qui apporte un véritable ballon d'oxygène aux exportateurs de l'archipel que l'endaka (hausse du yen) du premier semestre de 1995 avait littéralement étranglés. Déjà ferme en début de semaine, le billet vert a poussé une pointe hier jusqu'à 106,30 yens, soit une reprise de 25 % par rapport au record historique de faiblesse atteint en avril dernier, à 79,75. On n'avait pas revu ce cours depuis mars 1994, au moment où les menaces de représailles commerciales des Etats-Unis à l'encontre du Japon commençaient à devenir agressives et où les responsables de l'Oncle Sam utilisaient sans vergogne l'arme de la dépréciation du dollar face au yen pour tenter de conquérir des parts de marché et de mettre un terme aux formidables gonflements de l'excédent des échanges extérieurs nippons. La reprise du dollar face au yen pourrait l'entraîner à court terme jusqu'à 110 et à un horizon un peu plus éloigné jusqu'à 120, surtout si les Etats-Unis parviennent à sortir la tête haute de leur impasse budgétaire. D'autant que le billet vert ne se contente pas, depuis le début de l'année, de se renforcer face à la monnaie japonaise, il a aussi repris vigueur vis-à-vis des monnaies européennes du noyau dur. Alors qu'il se montrait incapable de franchir durablement le seuil de 1,45 deutsche mark depuis octobre, le dollar est monté jeudi jusqu'à 1,4575, soit plus de 4,97 francs français, ce qui pourrait lui permettre de renouer avec les points hauts touchés l'an dernier à plus de 1,4950. Le courant vendeur de yen contre dollar devrait être accentué par l'engouement actuel du marché des changes pour les monnaies à hauts rendements, qui a notamment permis hier à la peseta espagnole de prendre la tête du clas- sement de la grille des parités des monnaies du mécanisme de change du SME. La faiblesse de la rému- nération du yen est en effet par- ticulièrement handicapante, puis-que les taux à court terme au Japon sont proches de zéro, avec un taux d'escompte à son plus bas niveau historique de 0,50 %. En quête de placements plus rémunérateurs, les investisseurs japonais se retrouvent obligés de vendre les yens qu'ils détiennent pour acheter les actifs étrangers qu'ils convoitent. Enfin, comme le rappelle Christian Dunis, vice-président de la Chemical Bank à Londres, la monnaie américaine bénéficie d'un facteur cyclique : les opérateurs se présentant en début d'année avec des feuilles blanches, ont traditionnellement tendance à être acheteurs de dollars en janvier. Isabelle Croizard

latribune.fr

26 Sept 2008, 0:21

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