MÉTAUX DE BASE + L'été s'annonce morose pour le nickel

Le nickel se prépare un été maussade. En un mois, il a cédé près de 400 dollars au London Metal Exchange (LME) pour s'inscrire hier à 6.870 dollars. Dans le même temps, les stocks au LME progressaient de 1.000 tonnes pour atteindre, hier, 53.550 tonnes. Ce tonnage représente désormais douze semaines de consommation mondiale. Des signes contradictoires. A chaque fois que le marché du nickel présente des signes de faiblesse, les traders cherchent une réponse dans le marché de l'acier inoxydable. La production d'inox absorbe plus de 60 % de l'offre mondiale de nickel. Pour l'heure, ce marché émet des signaux contradictoires, constate Angus MacMillan, de Billiton. « Sans conteste, la production d'acier inoxydable a été très forte au premier trimestre. Il est raisonnable de tabler sur une production en hausse de 10 %. Parallèlement, les coulées d'aciers austénitiques (les aciers inoxydables incorporant du nickel) représentent, au premier trimestre, 77 % du total des aciers inoxydables produits », estime-t-il. Cependant d'autres indicateurs nuancent l'image donnée par la production d'inox. Résistance. Les tentatives des aciéries depuis deux mois pour imposer une hausse des prix se heurtent à la résistance des utilisateurs d'inox. Les traders concluent à un engorgement des circuits de distribution. Parallèlement, des indications confirment la progression des stocks aux mains des « stockeurs », un métier intermédiaire dans la filière nickel. Du coup, pour rétablir des marges qui s'annoncent vacillantes, les aciéries préfèrent augmenter la part de déchets à base de nickel dans la production de leur alliage. Ils passent de 60 % à 70 % de leurs besoins. En adoptant cette stratégie, les producteurs d'inox acquièrent du nickel à environ une centaine de dollars de moins que s'ils achetaient du métal de première fusion. Enfin, dernier signal d'une accumulation d'invendus dans la filière inox, la fermeture pour dix à quinze jours en août des principales aciéries d'inoxydable au Japon. Cette détérioration n'est pas une surprise, même si, jusqu'à présent, le nickel avait profité de plusieurs incidents - grève chez Inco, explosions chez WMC et Outokumpu - qui ont amputé la production mondiale d'envi- ron 25.000 tonnes. Mais ces pertes sont d'ores et déjà comblées par la hausse des exportations du russe Norilsk (+ 20.000 à tonnes en 1997) et par l'envol des ventes cubaines. Elles atteindront 65.000 tonnes cette année contre 58.000 tonnes en 1996. Du coup, la pression à la vente exercée par les producteurs de nickel se conjugue avec celle des déchets. Elle devrait ramener le métal dans la zone des 6.350 à 6.700 dollars la tonne, estime Angus Mac- Millan. Guy- André Kieffer
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