L'antidote d'un ancien trader pour parer l'effet dominos

Qu'il s'agisse du cuivre ou de l'indice Nikkei, à chaque fois que les manipulations d'un opérateur s'achèvent par un « krach », les autres intervenants sur le marché plongent dans le brouillard. Des positions raisonnables peuvent devenir mortelles, les créanciers s'inquiètent, et c'est le spectre de « l'effet dominos », comme sur le marché du sucre à Paris en 1974. Pour prévenir ce risque, une petite société californienne baptisée Infinity vient de créer une plate-forme informatique de simulation des risques. Son vice-président, Till Guldiman, qui fut trader, puis patron du département d'analyse financière chez JP Morgan jusque en 1995, y voit un marché énorme et, pour ses clients, une optimisation du couple risque-rendement. « Les grandes banques ont commencé à tester leur salles de marché », explique-t-il à « La Tribune ». « En fait, elles laissent chaque département (actions, taux, etc.) installer son propre contrôle, isolé des autres, et plus ou moins fiable ». Infinity agit au contraire en consultant externe, et commercialise un serveur informatique, centralisé au siège du client, qui agrège toutes les positions, sur tous les marchés. C'est le principe du reporting, mais global, et en temps réel, car le serveur est alimenté par les flux de cotations Reuter. A chaque minute, la banque connaît l'exacte valeur des engagements de toutes ses filiales (le serveur intègre aussi les créances non négociables). Il calcule instantanément un degré de risque total, et peut simuler le risque futur, en revisitant les scénarios du passé : savoir par exemple quel aurait été l'impact, sur ses positions actuelles, du krach d'octobre 1987, ou de la crise monétaire de mars 1995, réactions en chaîne incluses (la baisse du peso fait chuter le dollar, puis le franc, puis les obligations...). Le serveur puise dans la base de données Riskmetrics, créée en 1995, et qui conserve sur cinquante ans toutes cotations, pour tous les marchés connus. Pour les directions générales, l'avantage est aussi de pouvoir tester la « véricacité » des mécanismes de couverture (lorsque une position est censée être compensée par une autre), sans s'en tenir aux déclarations des traders. Tous les deals sont enregistrés automatiquement sur la plate-forme, très puissante sur le plan informatique. Elle permet enfin de connaître le degré de risque, toujours en temps réel, des autres banques connectées. Les traders peuvent alors choisir des contreparties sûres. Car les notations financière de Moody's ou Standard and Poor's deviennent vite caduques quand les événements se précipitent. Le « Club Infinity » regroupe déjà seize très grandes banques, dont JP Morgan et depuis peu... le Crédit Lyonnais. Nicolas Thiéry
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