La Banque de France baisse ses taux monétaires

La Bundesbank ne baisse pas ses taux, la Banque de France prend l'initiative. Vendredi, en effet, la Banque de France a piloté une détente d'un seizième du loyer de l'argent au jour le jour, le ramenant à 3 5/8 %-3 3/4 %, alors que la veille la Bundesbank avait reconduit pour deux semaines le taux des prises en pension à 3,30 %, et maintenu naturellement ses deux autres taux directeurs. Déjà, le 6 juin dernier, le Conseil de la politique monétaire avait pratiqué, sans que les Allemands n'aient ouvert la voie en abaissant le taux des pensions, une détente de 0,10 % du taux d'appel d'offres. Il était temps de faire passer cette baisse dans le marché monétaire et en particulier sur le loyer de l'argent au jour le jour, puisque celui-ci était resté figé à 3 11/16 %-3 13/16 % depuis le 26 avril. Pourquoi la Banque de France s'est-elle montrée si peu pressée de piloter le JJ à la baisse ? Les marchés de taux commençaient d'ailleurs à s'impatienter. « C'est le marché des changes qui a fait un appel du pied à la Banque de France, analyse François Chevallier, économiste à la BFCE. En effet, poursuit-il, après les tensions enregistrées sur le franc face au mark, à la suite du rapport de la Bundesbank publié le 17 juin dernier, dans lequel les autorités monétaires allemandes notaient un potentiel d'amélioration conjoncturel dans l'industrie allemande, les marchés ont corrigé leur enthousiasme pour le mark et ramené celui-ci au-dessous de 3,39 francs. » La Banque de France libérée des entraves budgétaires Le franc était ainsi passé de 3,3750 francs pour un mark, à la fin avril, à un plus-bas de 3,3950 le 18 juin. Vendredi soir, la parité mark-franc s'affichait à 3,3810 francs. Le franc s'est donc apprécié, après la légère baisse de ses rendements, ce qui illustre la vertu de la politique monétaire française. Mieux, la Banque de France a agit sur le JJ au moment même où le chômage atteignait un sommet en France. Car, en matière de politique monétaire, tout est affaire de psychologie chez les agents économiques. En Allemagne, la Bundesbank a montré à plusieurs reprises qu'elle agissait sur l'économie quand l'état de celle-ci le demandait. Les consommateurs, en conséquence, ont gardé confiance et désépargné. Or la Banque de France, même si elle a réussi à acquérir une certaine crédibilité auprès des marchés financiers, se bat encore contre la morosité des Français, qui ne consomment toujours pas et ne permettent pas de relancer la machine économique par leur demande. « La Banque de France devrait maintenant toucher les dividendes de sa politique monétaire, puisque, avant, elle ne baissait pas forcément les taux quand l'économie se dégradait », estime l'économiste de la BFCE. Et la Banque de France peut d'autant plus agir qu'elle est désormais libérée des incertitudes qui planaient encore récemment sur les efforts budgétaires à entreprendre, et libérée aussi de la contrainte allemande : l'Allemagne, qui souffre des mêmes maux économiques que la France, doit y apporter les mêmes remèdes, budgétaires et monétaires. Lysiane J. Baudu
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