Plus de 20 milliards de dollars d'argent frais pour deux mastodontes

Les chiffres commencent à donner le tournis. Hier, les banques américaines Citi et Merrill Lynch ont annoncé leur recapitalisation pour un montant gigantesque de 21,1 milliards de dollars. Citi va ainsi lever 14,5 milliards de dollars, soit 10 % de son capital, et sa consoeur Merrill Lynch 6,6 milliards de dollars, qui correspondent à 14 % de sa valorisation boursière. Ces recapitalisations sont d'autant plus colossales qu'il s'agit pour les deux banques d'une deuxième vague de levée de capitaux. Au final, Citi aura engrangé 22 milliards de dollars d'argent frais en deux mois et Merrill 12,8 milliards de dollars en trois semaines !Pour lever de telles mannes, Citi a fait appel à plusieurs investisseurs dont les incontournables fonds souverains. Celui de Singapour, GIC, lui a apporté 6,88 milliards de dollars. Il avait déjà investi 9,5 milliards dans UBS. Le fonds du Koweït (Kuwait Investment Authority-KIA) a aussi mis la main à la poche pour 3 milliards de dollars. Il réalise un coup double puisqu'il a investi 2 milliards de dollars chez Merrill Lynch. La banque dirigée par John Thain a aussi accueilli à son capital le fonds souverain coréen Korean Investment Corporation (KIC).En deux mois, les fonds souverains ont déferlé dans le capital des banques américaines en y investissant au moins 35 milliards de dollars. Depuis, d'aucuns estimaient qu'ils étaient les seuls à pouvoir apporter de telles sommes de capitaux dans des banques mal en point. Les exemples de Citi et Merrill Lynch ont dérogé à cette règle. Des investisseurs institutionnels tels que des gestionnaires d'actifs américains (Capital Research Management) ou le fonds de l'État du New Jersey sont entrés au capital de Citi. La banque japonaise Mizuho, qui n'est pourtant pas totalement à l'abri de la crise du crédit, est aussi venue au secours de Merrill Lynch, pour plus de 1 milliard de dollars selon la presse japonaise.L'arrivée de ces investisseurs intervient alors que les cours de Citi et de Merrill Lynch ont chuté de 45 % et 30 % depuis début août. Leurs investissements s'effectuent à des niveaux de valorisation bas. Plus que cela, leur entrée repose la question de l'état financier réel des banques touchées par la crise. Les gestionnaires d'actifs et l'État du New Jersey disposent de politiques d'investissement extrêmement prudentes et ne peuvent se permettre de prendre des risques démesurés. Leur arrivée laisse espérer que les banques ont peut-être fini de boire la tasse.Autre preuve de confiance, du moins dans Citi, son actionnaire le prince saoudien Al Walid, présent au capital de Citi depuis le début des années 90, a remis au pot. La fondation de l'ancien patron de Citi, Sandy Weill, a aussi participé à la recapitalisation. En tout cas, ces nouveaux actionnaires espèrent que les masses de provisions constituées auront purgé les comptes de la banque et qu'elle pourra repartir de l'avant.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.