La faiblesse du cours de Bourse remet en cause son indépendance

Selon les propos du président-directeur général Daniel Bouton et du gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, la Société Générale reste " solide " malgré ses lourdes pertes. À les entendre, la banque reste donc une formidable machine rentable puisque son bénéfice avant impôt s'élevait à 5,5 milliards d'euros, avant la prise en compte de la perte due à ce trader frauduleux. Aucune inquiétude à avoir ! Mais, depuis le début de la crise, une chose essentielle a changé pour la Générale : son prix. Valorisée à 70 milliards d'euros en mai dernier, elle ne vaut aujourd'hui " plus que " la moitié. Avec ce faible niveau de valorisation, la Société Générale redevient une cible attractive. Depuis plusieurs années, son cours de Bourse élevé la protégeait contre d'éventuels assauts. Daniel Bouton se félicitait que la meilleure arme de la banque soit " ses performances ". Le cours de Bourse de la Soc Gen, qui constituait auparavant un véritable bouclier, est désormais son talon d'Achille.Comme cela est régulièrement le cas, le spectre d'un mariage avec BNP Paribas revient au galop. Avec une capitalisation boursière de 61 milliards d'euros, la banque dirigée par Baudouin Prot pèse quasiment le double de sa concurrente. Un écart qui n'a jamais été aussi important entre les deux banques. Une fusion des réseaux français ferait sens, d'autant plus que les synergies dans la banque de détail sont désormais identifiables et réalisables. Avec la Générale, BNP Paribas doublerait ses positions dans l'Hexagone. Mais un tel scénario se heurterait à la superposition de deux banques d'investissement similaires. Sur la place de Paris, certains estiment d'ailleurs que Michel Pébereau souhaite faire ce dernier " coup " avant de tirer définitivement sa révérence. Un scénario qui ne serait en revanche pas du goût du directeur général, Baudouin Prot.EN QUETE D'UN ALLIEEn tout cas, la fragilité de la Générale pourrait la pousser à se marier. " C'est le moment pour des banques européennes d'envoyer un message de soutien à la Générale ", sous-entend un banquier. Les yeux se tournent inévitablement vers la banque UniCredit, avec qui la Société Générale avait envisagé au premier semestre un rapprochement. Mais le contexte n'est pas le plus opportun, car la banque italienne est en pleine fusion avec Capitalia. L'Italie restait à l'époque le marché le plus attractif. La Société Générale avait même discuté avec Monte dei Paschi. Mais cette dernière a finalement racheté sa consoeur Antonveneta à la barbe de BNP Paribas. Selon plusieurs sources concordantes, la banque française avait regardé le dossier de très près mais aurait été prise de vitesse par MPS. Depuis le printemps, Royal Bank of Scotland, Santander et Fortis ont elles aussi grossi en Europe en s'offrant à trois le néerlandais ABN Amro. En trois ans, la plupart des banques européennes ont fait des acquisitions importantes pour consolider leurs positions. Dans le même temps, la Société Générale revendiquait son indépendance. Mais l'échec des tractations avec UniCredit a montré qu'elle cherchait en réalité à s'adosser et qu'elle a peut-être manqué de prendre son destin en main. Ébranlée par ses pertes de 7 milliards d'euros et un cours de Bourse très bas, la banque ne maîtrise plus son avenir. Hier, à la Bourse de Paris, 1,8 milliard d'euros de titres Société Générale ont été échangés, soit deux fois plus que d'ordinaire.
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