Des questions en suspens qui restent pour l'heure sans réponses

Le contrôle des risquesLes procédures de contrôle des risques sont au centre des interrogations. " Les systèmes de contrôle fonctionnent mais doivent être améliorés ", reconnaît à demi-mot la banque. Où le contrôle a-t-il vraiment péché ? Le système créé par Jérôme Kerviel permettait d'annuler le risque et de ne pas déclencher l'alerte. Mais il semble que le deuxième niveau de contrôle, qui entre dans le détail des positions investies, a été défaillant. La banque a reconnu que " les contrôles sur les montants nominaux n'ont pas été alertés. Nous devrons en mettre en place ".Le rôle du managementLa Société Générale a remercié, en dehors du trader, tous ses responsables hiérarchiques. Mais aucune décision n'a, semble-t-il, été prise sur les responsables de l'inspection ou de l'audit des activités de marché. La dimension humaine de cette affaire laisse songeur plusieurs spécialistes. " Les traders sont dans des salles de marché ouvertes pour éviter que l'un d'entre eux ne fasse ce genre de choses dans son coin. Monter un tel système sans que ses voisins ne se soient aperçus de rien ne tient pas la route ", souligne le responsable d'une salle de marché. La Société Générale affirme que Jérôme Kerviel avait fait une demande exceptionnelle pour reporter ses vacances estivales obligatoires. Un choix qui lui a permis de ne pas transférer ses positions à d'autres traders pendant son absence et d'éviter d'être démasqué. Là encore, la vigilance des responsables de la banque ne semble pas avoir été maximale.La perméabilité du système informatiqueComment Jérôme Kerviel a-t-il pu s'introduire dans le système informatique ? Selon la Société Générale, le trader a réussi à " usurper les codes informatiques appartenant à des opérateurs ". Comment a-t-il procédé pour s'approprier ces clés qui sont au centre de son " entreprise ". Il serait étonnant que la Société Générale n'ait pas changé les codes d'accès de Jérôme Kerviel lorsqu'il a quitté les services de contrôle en 2005 pour passer dans l'équipe de trading.Le mode opératoireJérôme Kerviel a-t-il agi seul ? " Je ne peux pas vous assurer à 100 % qu'il n'a pas eu de complicités, mais à ce stade rien ne permet de penser qu'il a bénéficié de complicités tant internes qu'externes ", a expliqué la banque hier. Dans la salle de marché personne ne semble avoir été alerté par le comportement du trader. " Ce genre de délit doit provoquer un stress difficilement dissimulable ", note un responsable de salle de marché.Le débouclage des positionsLe choix de la période du 21 au 23 janvier alors qu'un vent de panique soufflait sur les marchés en début de semaine dernière en étonne plus d'un. " Dénouer une telle position un jour où les marchés américains ne sont pas ouverts [lundi dernier, Ndlr] défie le bon sens ", remarquent plusieurs spécialistes. Daniel Bouton assurait jeudi qu'il " craignait qu'on joue contre la banque ". Craignait-il que des opérateurs de marché précipitent la chute des prix des contrats vendus par la Société Générale pour accroître ses pertes ? Les mouvements de baisse violents sur le titre de la banque renforcent les interrogations sur de possibles délits d'initiés. Par ailleurs, cette opération aurait contribué à la baisse des marchés entre lundi et mercredi.L'imputation comptableLa banque a utilisé une règle comptable pour imputer dans ses comptes 2007 une perte enregistrée au début de l'année 2008. Cette possibilité est autorisée entre la clôture des comptes, au 31 décembre, et leur certification par les commissaires aux comptes. Mais ce choix laisse perplexe nombre d'observateurs avertis. Ainsi, Colette Neuville, la présidente de l'Association de défenses des actionnaires minoritaires (Adam), a écrit vendredi à Daniel Bouton. Elle s'étonne de ce mode d'imputation comptable, qui ne lui semble pas conforme aux règles comptables et fiscales. Certains se demandent par ailleurs si le fait d'avoir chargé la barque en 2007 n'annonce pas de nouvelles provisions massives en 2008, liées à la crise dusubprime.
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