Le cours de l'action s'envole sur des rumeurs de rachat par BNP Paribas

L'opération semble logique mais pas évidente à réaliser. Le serpent de mer d'un rachat de la Société Générale par BNP Paribas revient sur le devant de la scène. Fragilisée par la perte de 4,9 milliards d'euros due au trader Jérôme Kerviel, la Société Générale aura du mal à conserver son indépendance. Pour éviter le pire, le Premier ministre est monté au créneau. " Le gouvernement est très attentif à tous les risques de déstabilisation de la Société Générale. Il ne la laissera pas être l'objet de raids hostiles ", a déclaré hier François Fillon. Les prédateurs sont prévenus.Si une offre inamicale semble peu probable, la direction de la Société Générale pourrait solliciter une banque étrangère pour éviter de tomber dans l'escarcelle de BNP Paribas. Parmi les plus souvent citées figure la britannique Barclays, qui vient d'échouer dans le rachat d'ABN-Amro et mise sur sa croissance en France. Mais la banque de la rue d'Antin reste la solution la plus logique pour un rapprochement avec la Générale. Elle bénéficierait du soutien politique pour éviter un rachat par une banque étrangère. Le cours de la banque dirigée par Daniel Bouton a d'ailleurs profité de rumeurs de marché sur une offre de BNP Paribas pour s'envoler de plus de 10 %. Les volumes de titres échangés ont atteint plus de 21 millions, soit cinq fois plus que d'habitude. Depuis le 18 janvier, les volumes des actions Société Générale sont très élevés.Même si certains sur le marché parient sur un rachat par BNP Paribas, l'opération est loin d'être évidente. Déjà au printemps, la banque assurait ne pas vouloir un mariage avec la ­Société Générale en raison de la similitude de leur banque d'investissement. Selon une étude de Lehman Brothers, la fusion de ces deux activités provoquerait une perte de revenus de plus de 2 milliards d'euros. Dans ces conditions, une attaque surprise de BNP Paribas ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté financière. " Ce scénario se développera dans la durée ", souligne un bon connaisseur des deux banques. " La culture de BNP Paribas, c'est d'attendre en étant réactif pour saisir l'opportunité ", ajoute-t-il. Les exemples de la double offre sur Paribas et la Générale en 1999 et le rachat de BNL justifient cette analyse. " Michel Pébereau est très prudent. Il réagira de manière défensive ", souligne un ancien dirigeant de Paribas. Et d'ajouter toutefois que la Société Générale suscite les convoitises : " À ce prix-là, le premier qui fait une offre s'expose à une contre-offre. "DES OBSTACLES A SURMONTERPar ailleurs, il reste des obstacles à surmonter, même s'il prenait l'idée à un prédateur de se précipiter sur la Société Générale. Il lui faudra déjà attendre la valorisation du titre Société Générale à l'occasion de l'augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros, qui doit être réalisée prochainement. Reste aussi à connaître le montant des dépréciations à venir alors que l'exposition de la banque à l'immobilier américain atteint 12,8 milliards d'euros. Enfin, il est difficile aujourd'hui de mesurer les dégâts occasionnés par la crise financière et les pertes colossales de la Société Générale sur son activité de banque de financement et d'investissement (BFI). Sa valorisation s'élève à 9 milliards d'euros, selon Lehman Brothers. Elle pourrait encore diminuer dans les mois à venir avec le ralentissement des activités de marchés. D'ici là, la Société Générale pourrait s'affaiblir un peu plus, notamment en raison de la pression sur la direction. À Londres, il se dit que BNP Paribas chercherait à profiter de la fragilité de la Société Générale pour débaucher ses meilleurs éléments dans la banque de marchés. BNP Paribas viendrait d'embaucher un des responsables des dérivés actions, selon Financial News. Un risque de voir la banque se dévaloriser encore un peu plus jusqu'à ce que le prix soit définitivement attractif.
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