BNP Paribas déclare son intérêt pour la SociétéGénérale

Par latribune.fr  |   |  662  mots
Est-ce seulement une phrase toute faite ? En déclarant hier, à propos d'une offre sur la Société Générale, "on réfléchit, simplement parce que toute l'Europe réfléchit", un porte-parole de BNP Paribas a esquivé, tant il semble évident que la banque dirigée par Baudouin Prot a, a minima, une réflexion sur le sujet. Mais il n'aura échappé à personne que, en confirmant son intérêt pour la Société Générale, BNP Paribas est sortie du bois alors que rien ne l'y obligeait. L'hypothèse d'un rapprochement entre les deux banques, une antienne ressassée par lesmarchés depuis des années, a vivifié le cours de Bourse de la banque ébranlée dès mardi, et lui a seulement permis hier de ne pas sombrer, alors que les valeurs bancaires françaises étaient dans le rouge. Le scénario d'un rachat de la SG par BNPP ne fait pourtant pas l'unanimité. "Cette opération fait beaucoup moins de sens qu'en 1999", souligne un ancien qui a pris part à la bataille BNP-SG-Paribas. Il semble que le calendrier ne soit pas à son meilleur moment. "Ces opérations attendues finissent toujours par se réaliser mais jamais dans le cas où l'une des parties est à terre et que l'autre flamboie de toute part", ajoute ce connaisseur des deux banques. "La SG n'a pas envie de se marier dans une situation de faiblesse", souligne un ancien de la banque. BNP Paribas serait surtout intéressée par la banque de détail en France pour doubler sa part de marché. Dans ces conditions, le scénario du démantèlement émerge. "Cela reste une option très compliquée, surtout dans le contexte actuel de crise financière. Les difficultés à découper ABN-Amro font réfléchir", note un observateur. Certes, mais la combativité et l'audace en matière d'OPA ont déjà contredit des raisonnements qui semblaient les plus aboutis Dans cette hypothèse certains évoquent l'intérêt du Crédit Agricole, pour la banque d'investissement. Néanmoins, les récentes déconvenues de Calyon et le rôle central des caisses régionales dans la décision laissent nombre d'observateurs sceptiques. Le scénario de la reprise des activités d'Europe de l'Est par UniCredit, de la banque d'investissement par Barclays et la banque de détail par BNP Paribas revient le plus souvent, même si le cours de Bourse de Barclays et les perspectives des activités de marchés rebutent certains experts. Les fantasmes des marchés ne semblent pas émouvoir Baudouin Prot. Il n'a jamais caché son hostilité à un rapprochement, soulignant les risques d'exécution et la destruction de valeur dans la banque d'investissement. Lehman Brothers estime les pertes de revenus dans ces métiers à 2 milliards d'euros. Baudouin Prot a justifié sa position en juin dernier dans Le Figaro, soulignant que, "depuis dix ans, les deux entreprises n'ont cessé de se développer dans des domaines redondants ". LE PROTECTIONNISME AFFICHÉ DES POLITIQUES FRANÇAIS En attendant d'éventuelles manifestations d'intérêt, le dossier est suivi au plus haut niveau. Henri Gaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, a précisé hier sur RMC/ BMF TV que "l'État ne restera pas les bras croisés" et ne laissera pas la Société Générale "à la merci de n'importe quel prédateur". Le gouvernement serait-il prêt à susciter un chevalier blanc ? Si la Caisse des dépôts a indiqué dès l'annonce de l'augmentation de capital de la Générale qu'elle participerait à hauteur de sa participation, elle pourrait aller au-delà, et se placer comme gardienne des intérêts de la Société Générale. Dans l'intervalle, le protectionnisme affiché des politiques français a d'ores et déjà agacé Bruxelles et le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. Il soulignait hier que l'attitude consistant à refuser une offre parce qu'elle émanerait d'un étranger "n'est plus de notre temps".