L'organisation de la banque facilite son démantèlement

Depuis deux semaines, les rumeurs vont bon train sur l'avenir de la Société Générale. Beaucoup spéculent sur son rachat par BNP Paribas, d'autres évoquent son démantèlement. Inimaginable hier, un tel scénario l'est aujourd'hui. Le rachat de la banque néerlandaise ABN-Amro, en cours de dépeçage, a créé un précédent.Une hypothèse d'autant plus envisageable techniquement que les activités de la Société Générale sont devenues très décentralisées. Il y a un an, la banque a lancé une réorganisation de ses activités de banque de détail jusqu'alors regroupées sous un seul pôle " particuliers et entreprises ". Il est désormais découpé en trois. Ils fonctionnent de manière indépendante. " Cette réorganisation permet aux trois nouveaux pôles d'être aussi autonomes que le sont la banque d'investissement et la gestion d'actifs ", explique une source interne à la banque.Désormais, la banque de détail en France, à l'étranger et les services financiers spécialisés " constituent chacun un pôle d'activités doté de ses propres fonctions supports intégrées (ressources humaines, informatique et finance) lui donnant ainsi le niveau d'autonomie nécessaire pour accroître la capacité de réaction que le marché impose et poursuivre son développement ", explique la banque dans une note interne que s'est procurée La Tribune. La décentralisation des fonctions supports, surtout au niveau informatique, est un élément qui facilite la séparation des activités les unes des autres. Cette politique n'est pourtant pas neuve à la Société Générale. " Le renforcement de l'autonomie des branches en 2000 s'est traduit par une plus grande décentralisation des fonctions supports ", explique la banque dans sa note. " L'autonomie des pôles au niveau opérationnel facilite leur découpage par rapport au groupe ", souligne un consultant spécialisé dans les systèmes informatiques. " Mais la tendance est plutôt à la mutualisation des fonctions supports. Ces choix sont étonnants d'autant que leur coût est élevé ", ajoute-t-il.Non seulement la Société Générale est désormais configurée autour de cinq grandes activités autonomes, mais à l'intérieur même de chacune d'entre elles, certains métiers sont aussi très indépendants. Ainsi la filiale ALD Automotive, spécialisée dans le financement automobile, est-elle logée dans la division des services financiers spécialisés. Pour autant, elle peut en être facilement extraite pour voler de ses propres ailes. " On peut être vendu du jour au lendemain ", s'inquiète un salarié.Dans la banque d'investissement, le " saucissonnage " paraît aussi permis. D'abord parce que les instruments financiers sont différents. Ensuite parce que les systèmes informatiques associés ont une configuration propre à chaque métier. Les activités de trading fonctionnent par desk, c'est-à-dire par salle de marchés. " Les systèmes informatiques des dérivés actions et des activités de crédit sont quasiment indépendants. Il n'est pas difficile de scinder ces métiers ", souligne un informaticien de la banque. En redessinant ces derniers mois son architecture, la Société Générale pourrait bien avoir fragilisé ses fondations.
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